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Retour01 août 2000
Quelle EAU buvons-nous?
Le président de la RAIM Jean-Marc Robitaille, le directeur général de l'usine de filtration Bruno Rettino et les opérateurs Marc-André Marchand et Daniel Francoeur ont expliqué au journaliste de La Revue les étapes du traitement de l'eau. (photo: Philippe Pilette)
La population de la MRC des Moulins dispose d'une eau potable de très bonne qualité. Un réseau d'aqueduc moderne et des procédés de filtration à la fine pointe de la technologie assurent une eau propre et sans danger pour la santé.
Philippe Pilette
La qualité de l'eau au Québec est un sujet d'actualité. Avec la récente tragédie survenue à Walkerton en Ontario, les responsables de la Santé publique se sont interrogés sur la qualité de l'eau dans les réseaux d'aqueduc de la province et récemment, le ministère de l'Environnement du Québec identifiait plusieurs réseaux (plus d'une centaine) ayant besoin de correctifs. Ces réseaux sont soit privés, municipaux, institutionnels ou appartiennent à des entreprises. La majorité se retrouvent dans les régions de Chaudière-Appalache, du Bas St-Laurent, de Québec, de l'Estrie, du Saguenay-Lac St-Jean et de la Gaspésie. Quelques-uns sont en Montérégie, en Mauricie ou dans les Laurentides. Dans Lanaudière, un seul réseau d'aqueduc a été identifié, celui de St-Michel-des-SaintS.
Et chez nous?
Qelle est la qualité de l'eau dans notre région? La Revue a posé la question aux autorités concernées.
A Terrebonne, à Lachenaie et à Mascouche, le réseau d'eau potable est géré par la Régie d'aqueduc intermunicipale des Moulins (RAIM), un organisme créé en 1986. Quand à la municipalité de La Plaine, elle possède son propre réseau d'aqueduc et son usine de filtration.
Selon le président de la RAIM et maire de Terrebonne Jean-Marc Robitaille, l'eau produite à l'usine de Terrebonne est de très bonne qualité. "On a entendu dire dernièrement que la qualité de l'eau potable au Québec laissait à désirer. Ici, l'eau que nous produisons dépasse les normes de qualité nord-américaines. L'usine de traitement de Terrebonne dispose d'un technologie à la fine pointe", dit M. Robitaille.
L'usine de la RAIM a une capacité de production de 87 000 mètres cubes par jour. Dans la période actuelle de l'année, l'usine traite environ 43 000 mètres cubes. Depuis 1999, la RAIM a procédé à des travaux de modernisation et de restauration de son réseau afin de répondre à la demande croissante. De nouvelles pompes et de nouvelles conduites ont été installées, un poste de surpression et un nouveau réservoir ont été installés, représentant plus de 6,5 millions d'investissements.
Traitement
L'eau captée dans la rivière des Mille Iles à la hauteur de l'usine de filtration de la Côte Terrebonne doit subir plusieurs traitements avant d'être acheminée dans le réseau de distribution. Après l'élimination des particules les plus grossières, l'eau séjourne dans les bassins de décantation. Elle subit un traitement de floculation par lequel, à l'aide de produits chimiques, on enlève la couleur et fait précipiter les matières en suspension. L'étape suivante est l'inter-ozonation, un traitement choc à l'ozone dont les propriétés oxydantes et bactéricides détruisent une bonne partie des bactéries et des virus. Vient ensuite l'étape de la filtration. Depuis 1994, une filtration biologique sur charbon actif est effectuée qui détruit les bactéries, corrige le goût et supprime les odeurs. La post-ozonation et l'ajout de soude caustique permet d'équilibrer le pH. L'eau doit aussi subir une chloration, traitement obligatoire pour répondre aux normes gouvernementales.
"Il est à peu près impossible d'avoir des problèmes comme à Walkerton. Il y a une surveillance 24 heures sur 24 et nous disposons de deux systèmes de chloration, l'un en fonction et l'autre en attente", explique Bruno Rettino, directeur général de l'usine.
Les propriétaires de réseaux d'aqueducs (les municipalités) sont tenus de prélever des échantillons à intervalles réguliers et de faire effectuer des analyses par des laboratoires accrédités par le ministère de l'Environnement. De plus, à l'usine de Terrebonne, les opérateurs procèdent à des tests à toutes les deux heures, chaque jour de l'année. "Tous les employés sont formés en traitement de l'eau", précise M. Rettino.
"Les municipalités dont le système d'aqueduc a été jugé déficient sont de petites municipalités qui ne disposent pas d'infrastrutures importantes, dit le directeur de l'usine. Les grandes villes n'ont pas le choix: les exigences de la population et des industries qui veulent s'établir les obligent à avoir des installations performantes", ajoute Bruno Rettino.
La fluoration de l'eau préconisée il y a quelques années semble en voie d'être abandonnée. Plusieurs municipalités qui l'avaient introduite l'ont maintenant abandonnée. Aux usines de Terrebonne et de La Plaine, il n'y a jamais eu de fluoration.
Héritage
En bout de ligne, l'eau traitée est distribuée par les réseaux d'aqueduc, lesquels sont entretenus par les municipalités. "Chaque année, des sommes sont prévues pour l'entretien du réseau par le Service des travaux publics", dit M. Robitaille.
Le président de la RAIM ajoute que l'organisme n'a jamais hésité à dépenser l'argent nécessaire à l'amélioration de l'usine de traitement. "Lorsque l'eau sort de notre robinet ou de notre douche, on ne se pose pas trop de questions. Pourtant, il y a tout un système en place pour arriver à ce résultat. C'est toujours lorsqu'il y a un problème que les gens s'inquiètent", poursuit M. Robitaille.
"Il y a un coût à payer pour disposer d'une eau de bonne qualité.
Les questions qui préoccupent la RAIM pour l'avenir concernent surtout l'économie de l'eau potable. Des mesures comme les campagnes d'arrosage ont porté fruit et nous étudions d'autres mesures. Il faut aussi penser aux générations à venir car l'eau n'est pas inépuisable: quel héritage leur laisserons-nous?" demande Jean-Marc Robitaille.
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