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Retour01 décembre 2003
Marie-Chantal Toupin : L'entaille du génie : les chagrins
Marie-Chantal Toupin était de passage au Théâtre du Vieux-Terrebonne le 29 novembre.
L'élégante blonde rockeuse d'un million de volts sur une scène, Marie-Chantal Toupin, s'est identifiée à Piaf à l' émission de TQS, le 30 novembre. Elle était de passage au Théâtre du Vieux-Terrebonne, la veille, pour la présentation de son spectacle. La foule, qui a passé la moitié du temps debout - rien de tapageur -, lui a servi 10 000 rappels, auxquels elle a généreusement répondu. Puis, elle nous a offert, et ce n'était pas de refus, un siège dans sa loge.
Yvan Lavoie
Nous ne parlerons que peu du spectacle. Toupin est spéciale. Nous nous intéresserons aux entailles, aux stigmates qui font généralement le génie. Vous croyez que j'exagère. Juste un petit peu. Go !
Naturel de scène
Élégante parce que ce naturel tourne sur la scène comme ces ballerines qui font les rêves des fillettes, relevées par les mélodies du temps présent, Marie-Chantal Toupin reste la même sur scène et dans la vie, raconte son amoureux, Eduardo. Rien ou si peu n'est étudiée chez elle. Chante depuis l'âge de trois ans du matin au soir... A passé par l'école des bars, trois et souvent cinq soirs par semaine malgré l'école... Elle avait sept ans. Elle a troqué l'école pour la lecture.
Marie-Chantal Toupin compose ainsi avec le public par un naturel de scène qui n'a pas besoin de tournures de phrases pointues : elle n'emploiera pas le mot « plaisanter » au lieu de « blaguer », lancera à la foule médusée qu'il n'y rien de plus touchant qu'un rappel, etc. Le talent musical suffit. Le reste, l'emballage littéraire un tant soit peu utile, n'est qu'une question de temps. Pour autant que les « comiques » de ce monde ne passent pas à côté de ce talent.
Ce qui n'est pas dit avec émotion...
Toupin est une petite fille de l'est de la ville et même de toutes les ville où elle a déménagé maintes fois, stigmatisée par la pauvreté. Elle a connu les affres de la pauvreté, mais aussi la revanche d'une sensibilité à fleur de peau : on l'a bien vue en larmes trois fois plutôt qu'une à la Télévision Quatre Saison. « Ce qui est dit sans émotion ne vaut pas la peine d'être dit »; propos de Goethe qu'elle a deviné en entrevue.
Une vie de misère. Elle ne dormait pas la nuit tant qu'elle n'entendait pas le bruit de la serrure, alors que son père malade de l'alcoolisme rentrait tard la nuit. Elle avait 12 ans et remerciait le ciel qu'il soit rentré vivant. De quoi remuer ce ciel! Elle survit grâce à la chanson, où elle refait le monde comme tous les rockeurs de la terre. Elle avance, danse d'un pas bruyant, militaire, d'un bout à l'autre d'une scène un peu trop dépouillée, lance ces mots et ces pièces musicales qui racontent qu'elle a eu mal et qu'elle ne veut cela pour personne.
Étonnante interprétation d'Offenbach
« Maudit Bordel », éditorial sur le monde menacé par les niaiseries, « Chum de filles », contre le machisme, et toutes ces chansons d'amour qui rêvent d'un monde meilleur qu'elle mérite et nous fait mériter le temps d'une soirée passée rapidement, même debout dans une petite salle avec un balcon charmant qu'il faudra agrandir. Une soirée qui passe comme ce souffle charmant et naturel qui fait lever le blond toupet. Son interprétation de « Ayoye », d'Offenbach... vaut le déplacement à elle seule.
Les gens l'ont au minimum adorée et l'attendaient nombreux pour la signature d'autographes. Émilie et Chanel ont fait écouter le CD à leurs parents, Michel et Lise Danis, de Terrebonne, qui ont apprécié le spectacle. La jeune Émilie a aimé l'interprétation que Marie-Chantal Toupin fait de « Je ne regrette rien » et risque de revenir au violon où, parait-il, elle excelle. Isabelle, de Mirabel, trouve Marie-Chantal Toupin généreuse; Ève Duhamel, de La Plaine, souligne que des gens debout tout le temps est signe que « c'est un bon show ».
On se serait cru aux premières heures de Céline Dion lors de cette signature d'autographes. L'entourage de Marie-Chantal Toupin l'aime et la protège. Il faudra l'élargir à la complicité des médias et des Français, par où passe le fric nécessaire à la croissance. Vous saviez que Marie-Chantal Toupin a vécu un temps à Terrebonne qu'elle adore cette ville?
Nous « virer bout sur bout »
Elle veut des enfants, un club de hockey, une classe de ballerines, blague-t-elle. Il fallait la voir à la toute fin, quand elle a dû admirablement - je n'exagère pas, vous essaierez pour voir... - débuter a capella, nous « virer bout sur bout ». Une petite fille de cinq est venue se blottir contre elle. Elle continuait de chanter, d'aimer, naturelle. Elle sera au Saint-Denis à Montréal les 18 et 19 décembre.
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