21 mars 2014
Athanase David (1882-1953)
©Athanase David vers 1920.
UN BRIN D’HISTOIRE
Avocat et homme politique, Athanase David est député provincial de Terrebonne de 1916 à 1936. On le reconnaît comme le maître d’œuvre d’importantes mesures sociales et culturelles du gouvernement Taschereau, marquant les premiers jalons de l’intervention de l’État dans les secteurs de l’éducation, de la santé et du bien-être.
La famille David-Nantel
Athanase David voit le jour à Montréal, plus précisément dans la paroisse de Saint-Jacques, le 24 juin 1882. Il est le fils de Laurent-Olivier David et Albina Chenest. Son père est un célèbre avocat, journaliste, homme politique et historien amateur spécialisé dans le dossier des patriotes.
Après ses études au Mont-Saint-Louis, au Collège Sainte-Marie et à l’Université Laval de Montréal, il est admis au Barreau le 7 juillet 1905. Il exerce d’abord son droit avec Édouard Montpetit et Arthur Vallée, avant de former son cabinet Elliot et David. Le 3 novembre 1908, il épouse Antonia Nantel, la fille du célèbre député conservateur de Terrebonne, Guillaume-Alphonse Nantel.
La carrière politique
À l’ère d’une grande popularité des libéraux, Athanase David fait le saut en politique provinciale en 1916 et se fait élire député de Terrebonne. Il est même réélu sans opposition à l’élection de 1919. Il devient secrétaire de la Province de Québec dans les cabinets Gouin et Taschereau, de 1919 à 1936. Fait à noter, il devient, à l’âge de 37 ans, le plus jeune ministre du cabinet. Il n’a aucune difficulté à se faire réélire aux scrutins de 1923, 1927 et 1931. Son œuvre politique est considérable. En 1922, il fait adopter la Loi pour encourager la production d’œuvres littéraires ou scientifiques, d’où émane le prix Athanase-David. Grand amateur de sports, il devient le président du club de hockey des Canadiens de Montréal en 1921. Sous sa présidence, jusqu’en 1935, le club remporte trois coupes Stanley. Le village de Val-David est nommé en son honneur, tout comme le pont reliant Laval à Bois-des-Filion, ainsi qu’un pavillon de l’Université du Québec à Montréal.
Élu par une voix en 1935
L’aura libérale perd de son lustre avec la «montée en puissance» du jeune Maurice Duplessis. L’élection de 1935 est beaucoup plus difficile pour David. Dans Terrebonne, la masse ouvrière et les agriculteurs sont davantage favorables aux «bleus». Au soir du scrutin, les résultats sont «très chauds», et David gagne mais de peu! Son adversaire de l’Union nationale, Herman-Armand Barrette, se croyant lésé par les résultats du vote, revendique un «recomptage judiciaire». C’est alors qu’on constate, en cherchant autre chose, que les bulletins de vote, imprimés à Saint-Jérôme par l’imprimerie J.-H.-A. Labelle, ne portaient pas le carré réglementaire destiné à recevoir les initiales du scrutateur (responsable aux tables de scrutin). L’affaire fait grand bruit. Le président d’élection (directeur du scrutin) pour le comté, J.-Anthony Lessard, est longuement interrogé. L’erreur ne venait pas de lui, mais de l’imprimeur.
Le juge J.-Alexandre Guilbault annule tous les bulletins, et le résultat du vote devient nul. Lessard est alors appelé à apposer son vote prépondérant et accorde la victoire à David. C’est donc, par une seule voix de majorité, que David remporte l’élection, lui permettant de joindre les rangs du gouvernement Taschereau. Dans la province, la décision crée un certain remous, puis l’élection de David fut contestée.
Dans ce rappel de l’élection de 1935, le journaliste et ex-député Lionel-
Bertrand termine son article en écrivant: «Ce n’était pas rose au pays de Terrebonne!»
Un grand seigneur
Non, ce n’était pas rose dans Terrebonne. L’Union nationale de Duplessis et les conservateurs du temps avaient été relégués dans l’opposition à Québec depuis1897, et les «rouges», avec Prévost et Athanase David, régnaient en maître dans le comté de Terrebonne depuis 1900.
Athanase David, grand seigneur s’il en fut un. En vérité, par sa prestance faite de dignité en toutes circonstances, il est plus à l’aise dans les grandes occasions que dans les batailles de la petite politique.
On aura connu Athanase David sur tous les «hustings» du comté, dont ceux de la Ville de Terrebonne, celui du kiosque du parc Masson.
David termine sa brillante carrière politique en 1936 et ne se présente pas lors de l’élection générale de cette année-là. D’ailleurs, c’est lors de cette élection que prend le pouvoir l’Union nationale de Maurice Duplessis, entraînant l’élection dans Terrebonne du député Herman Barrette, que ses adversaires libéraux avaient qualifié de «Barrette-la-fanfare» parce qu’il avait promis une fanfare dans tous les coins du comté.
Vers la fin de sa carrière politique, il publie, en 1934, «En marge de la politique», un recueil de ses plus grands discours, à une époque où les hommes politiques se distinguaient par leurs verves, leur éloquence et le contenu de leurs pensées!
Il meurt à l’hôpital Saint-Luc de Montréal le 26 janvier 1953 à l’âge de 70 ans. Il est inhumé au cimetière de Sainte-Agathe-des-Monts. Fait à noter, Athanase David est le père du sénateur Paul David (1985-1994) et le grand-père de la députée Françoise David.
Sources : Fonds de recherche de l’auteur et Fonds Aimé-Despatis, Société d’histoire de la région de Terrebonne.
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