Carrières Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com Infolettre

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

16 mai 2014

UN BRIN D’HISTOIRE - Le Collège Saint-Louis

©Le Collège Saint-Louis (1889-1939) quelques années avant l’incendie. (Fonds Aimé-Despatis, Archives Lanaudière)

Il y a 75 ans, soit le 20 mai 1939, le Collège Saint-Louis était détruit par un violent incendie. Nous consacrons cette chronique à l’histoire de cette institution d’enseignement de grande qualité, qui a permis à trois générations de Terrebonniens de bénéficier d’une excellente formation.

 

L’œuvre des Clercs de Saint-Viateur

Lorsque les Sœurs de la congrégation Notre-Dame vont quitter le vieux couvent de 1826[1] pour s’établir dans un couvent neuf, voisin de la nouvelle église, on transforme celui-ci en collège pour les garçons. C’est dans ce contexte qu’arrive à Terrebonne, la communauté de religieux enseignants des Clercs de Saint-Viateur (CSV), en 1882.

Arrivé au pays en 1847, c’est à Joliette que s’établit la maison-mère des CSV. Issus de la pure tradition française, ces religieux transmettent un enseignement de qualité, axé sur une base rigoureuse digne des études classiques, mais également versé vers les arts, les sports et les affaires. Les CSV parviendront rapidement à former une véritable élite intellectuelle à Terrebonne.

C’est sous la conduite du curé Louis-Jules Piché que s’effectuent les démarches visant à doter la région d’un collège. Les premiers frères implantés à Terrebonne sont les frères Pelletier (directeurs), Quinlan et Fernet. Les classes commencent  le 1er septembre 1882 d’abord dans l’ancienne église et sacristie. Après quelques mois de travaux dans l’ancien couvent, les frères et leurs élèves s’installent dans leur nouvelle maison. Mais le 5 mai 1887, en quelques heures, le feu détruit l’institution qu’on avait édifiée avec tant de peine et d’argent.

Le nouveau collège

Le frère Lacasse, alors directeur, et ses compagnons se retirent dans l’ancien presbytère, à l’étage de l’hôtel de ville et dans la maison du notaire Simard. Le curé Piché entreprend aussitôt les démarches pour bâtir un nouveau collège. C’est le père Joseph Michaud, architecte des CSV, qui conçoit les plans, alors que les travaux de construction sont confiés à l’entrepreneur L.-J. Fauteux, de Montréal.

Le 22 juin 1888, Mgr Charles-Édouard Fabre procède à la bénédiction de la pierre angulaire et, le 1er septembre 1889, les religieux s’installent avec leurs élèves dans le nouveau collège, dédié à Saint-Louis, saint patron de la paroisse. Le nouvel édifice en pierres compte quatre étages et présente, au centre, un remarquable clocher. Le bâtiment prend place entre la rue de la Fabrique (aujourd’hui disparue) et la sacristie de l’ancienne église. Fait à noter, le collège longe la berge de la rivière des Mille-Îles, si bien qu’une série de latrines prennent place directement en bordure de la rivière… Belle intégration environnementale!

Le corps principal du bâtiment devient rapidement trop petit. En 1912, on y ajoute une aile « temporaire » en bois de quatre étages, aile qui deviendra permanente. En 1917, la Commission scolaire de Terrebonne fait ajouter une aile en pierre à l’avant de l’édifice. Enfin, en 1921, on fait construire une autre aile à l’arrière, tout près de la rivière. Le Collège Saint-Louis est alors renommé dans tout le Québec, au Canada et même aux États-Unis. On y retrouve jusqu’à 325 élèves, dont 175 pensionnaires.

L’incendie du collège

Nous puisons ici des extraits d’un long texte du regretté Jacques Corbeil, alors élève au Collège Saint-Louis, nous relatant le déroulement de ce grand feu. Vers 17 h 20, le 20 mai 1939, la sonnette d’alarme vibre.

« Encore un exercice en cas d’incendie entendit-on. Murmure. Les plus vieux prirent la porte et, en ordre, tout le monde évacua les immeubles. Une affaire de deux minutes pensait-on. Le rassemblement se fit dans la grande cour de récréation. Le bruit courut aussitôt : c’est le feu, c’est le feu pour vrai. Des volutes de fumée blanche d’abord, se dégageaient du toit, entre le corps principal et l’ail de bois de la chapelle. L’alarme de la ville se fit entendre et bientôt, ce qu’on appelait le “reel” s’amena. Tiré par un gros cheval, le “reel” n’était autre chose qu’un rouleau autour duquel s’enroulaient deux ou trois cents pieds de boyaux. Rendu sur place, on accouplait une extrémité de boyau à une borne-fontaine. Sous la direction du chef Henry Doyle, la lutte contre l’incendie s’organisa. Mais la pression était basse et les jets d’eau ne réussissaient pas à rejoindre le foyer d’incendie. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, le commencement du feu s’enfla et prit des proportions inquiétantes. Les flammes tourbillonnaient à 50 pieds au-dessus du toit et l’aile de bois devint un brasier. De justesse, on sauva les Saintes Espèces. Des rumeurs couraient : il y avait encore des enfants dans les bâtisses déjà pleines de fumée et le corps principal fut fouillé jusque dans les moindres recoins. Personne. »

L’incendie devient incontrôlable. Les flammes étaient visibles à 10 km à la ronde. On dut faire appel aux pompiers de Montréal. Vers 18 h 45, ils arrivent, mais c’était trop tard. Le feu achevait de détruire l’aile « temporaire » en bois, et le toit du vieux collège s’effondrait; le logement des lingeries, la petite bâtisse en brique, toute détruite. En quelques heures, il ne reste plus que des murs noircis. Seule l’aile « des petits » est encore utilisable.

La suite et le Centre civique

Malgré de nombreux pourparlers, le collège ne sera pas reconstruit. L’aile restante est rénovée puis affectée à des classes pour les enfants de Terrebonne. Avec l’ouverture de l’école Saint-Louis, en 1951, la Commission scolaire va vendre l’aile restante à la Ville de Terrebonne qui le convertit en Centre civique (centre communautaire). Ce dernier disparait sous le pic des démolisseurs en 1972, afin de faire place au stationnement municipal. Pour leur part, les derniers Clercs de Saint-Viateur enseignants quittent Terrebonne en 1975.

[1] Le couvent des CND était situé sur le bord de l’eau, derrière l’actuel TVT. On peut voir aujourd’hui un aménagement paysager rappelant l’emplacement de l’ancien couvent.

Source : Articles du Journal La Revue de Terrebonne, éditions des 7 mai 1964 et 4 juin 1975.

 

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média