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Retour20 janvier 2015
Isabelle Boulay chante Serge Reggiani

©(Photo: Nelson Simoneau)
Dans une lettre qu’elle a adressée à Serge Reggiani en mai 2014, Isabelle Boulay rend hommage à l’homme qu’il était et au chanteur qui est devenu une source d’inspiration pour elle depuis ce jour d’été où elle a rencontré son répertoire et sa voix alors qu’elle était adolescente. Toujours habitée par l’œuvre de ce grand artiste, l’interprète présentera un spectacle consacré au répertoire marquant de Reggiani, le 5 février, au Théâtre du Vieux-Terrebonne.
Pour Isabelle Boulay, cette intrusion dans l’univers de Serge Reggiani s’est d’abord faite par l’entremise d’un album, qu’elle a sorti en mai 2014. Dans «Merci Serge Reggiani», la chanteuse reprenait 14 titres de celui qui est pour elle l’un des deux plus grands interprètes à avoir existé. «Pour moi, il y a eu deux grands interprètes : Piaf et Reggiani. Reprendre les chansons de Serge Reggiani est presque venu de soi. La première fois que je l’ai entendu, j’avais 16 ans. Il m’a tellement marquée! J’ai rapidement intégré ses chansons à mon répertoire, comme "Ma fille"», raconte celle qui a eu la chance de chanter avec lui au Palais des congrès de Paris il y a plusieurs années.
Tout au long de l’entrevue téléphonique qu’elle accorde à La Revue, celle qui vient de reprendre son rôle de coach à «La Voix» se remémore avec le sourire des souvenirs de celui qui a été à la fois une idole, un mentor et un confrère. «Mon plus beau souvenir est quand je suis allée chez lui pour répéter "Ma fille", que j’allais faire en duo avec lui sur scène. Il me regardait avec exigence et à un moment donné, j’ai senti que l’exigence a fait place à une immense tendresse. Même s’il était exigent, il était quelqu’un de très tendre. Il aimait les gens, il était très humain», confie-t-elle avec une voix teintée de la même tendresse.
Dix ans après le décès de Serge Reggiani, que retient l’interprète de l’homme qu’il était et qu’elle admirait? «L’enfance qu’il avait dans le regard. Il a beaucoup souffert dans sa vie, mais il a toujours su garder son espièglerie d’enfant et sa fureur de vivre, dévoile-t-elle spontanément. Il était aussi un grand amoureux. Je me rappelle l’avoir vu en spectacle avant de chanter avec lui, et j’avais remarqué qu’il regardait toujours en coulisse à la fin de ses chansons. Quand je me suis retrouvée sur scène avec lui, j’ai compris qu’il regardait sa femme. Elle veillait sur lui du regard.»
Un parcours et une vie en chanson
C’est donc à la fois un hommage à l’homme et à l’artiste qu’Isabelle Boulay proposera à Terrebonne, le 5 février. Dans un spectacle épuré, elle reprendra de ses succès, les mêmes évoquant la dolce vita avec des chansons telles que «L’Italien», «Ma fille», «Il suffirait de presque rien», «Ma solitude» et plusieurs autres. «Je vais faire des chansons que je n’ai pas pu mettre sur l’album aussi. Les chansons qui racontent son parcours et sa vie, fait-elle savoir. Je n’irai pas dans son répertoire d’après-guerre ni celui de mai 68, qui sont plus des exercices de style. Je ne voulais pas jouer de rôle, je voulais faire des chansons avec lesquelles je me sentais crédible. »
Pour l’occasion, l’artiste sera accompagnée sur scène de quatre musiciens. «On a travaillé dans le même esprit que pour l’album. La musique joue quand c’est le temps, il n’y a pas de surenchère. C’est fait avec beaucoup de délicatesse, annonce la principale intéressée, dont la voix et l’interprétation sont mises à l’avant-plan. Sans être dénué d’intensité, le spectacle comporte énormément de nuances. Ça ressemble à la vie humaine. Il y a des moments forts, doux et tumultueux. C’est vraiment comme une vie, avec tout ce qui peut la chavirer. […] C’est un des plus beaux spectacles que j’ai fait. C’est un cadeau que de le présenter et d’embrasser ce répertoire.»
À quand le répertoire de Piaf?
En début d’entrevue, Isabelle Boulay a souligné toute l’admiration qu’elle portait pour Piaf et Reggiani. Maintenant qu’elle a plongé dans le répertoire de ce dernier, prévoit-elle faire la même chose avec celui de Piaf? «Édith Piaf m’intimiderait encore plus! C’est une femme qui m’impressionne. Elle n’a jamais demandé la permission à qui que ce soit. C’est quelqu’un pour qui l’impossible n’existait pas. Il y a des femmes fatales, elle, elle était une femme totale! […] Une petite femme de rien du tout dont la voix pouvait déplacer des foules et des montagnes. Quand j’entends sa voix aujourd’hui, peu importe où je suis, ça vient encore déplacer mon cœur», lance-t-elle avec un grand respect, voire une certaine passion, avant d’enchaîner : «En tant que femme, se mesurer à un homme est peut-être moins difficile que se mesurer à une autre femme».
Bref, peut-être que la chanteuse reprendra un jour les succès de «la Môme», une idole de toujours, peut-être pas non plus. En attendant, on peut entendre sa voix parcourir le répertoire d’un autre grand interprète à ses yeux : Serge Reggiani.
Pour assister au spectacle «Merci Reggiani», qu’offrira Isabelle Boulay au Théâtre du Vieux-Terrebonne, le jeudi 5 février 2015 à 20 h, réservez vos billets par téléphone au 450 492-4777 ou sur le site Internet du TVT au www.theatreduvieuxterrebonne.com.
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