09 juin 2015
Le Jardin Moore est prêt à éclore
©André Fontaine, coordonnateur de la relance du Jardin Moore, aux côtés de Denise Cloutier et de Normand Bastien, respectivement vice-présidente et président de la Fondation Dyson Moore. (Photo : Pénélope Clermont)
Trente ans après sa fondation, en 1985, le Jardin Moore s’apprête à entreprendre un tout nouveau départ. Après avoir vécu des jours tumultueux dans les dernières années, le lieu bucolique créé par William Dyson Moore renaîtra de ses cendres le 17 juin, lors de sa réouverture officielle. S’il reste encore beaucoup de travail à accomplir pour lui redonner sa beauté d’antan, les membres du conseil d’administration de la Fondation Dyson Moore sont fiers d’affirmer que le jardin fleurit à nouveau.
Les défis ont été nombreux pour le nouveau conseil d’administration arrivé en poste en septembre 2012. Pour Denise Cloutier, qui fait partie des membres fondateurs de la Fondation Dyson Moore, l’aventure a commencé en 2011, alors qu’elle apprenait la volonté de l’ancien conseil d’administration de vendre le jardin. Contre cette option, pour laquelle les membres du conseil n’avaient pas la légitimité d’ailleurs, Mme Cloutier a su faire renverser la situation en s’entourant de personnes qui allaient, à ses côtés, remettre sur pied ce lieu qu’elle chérit tant. «La mobilisation initiale a été un grand défi pour moi, mais une fois le conseil formé de gens qui ont mis la main à la pâte, je me suis sentie libérée, même si beaucoup de travail reste à faire», commente celle qui occupe aujourd’hui le poste de vice-présidente de la fondation.
Effectivement, beaucoup de travail devait être abattu et a été accompli par le comité de relance, coordonné par André Fontaine. «Le défi, de mon point de vue, c’est l’envergure du projet, souligne ce dernier. Le projet de rénovation de la maison de M. Moore en pavillon d’accueil et en salle de réception a été pas mal plus gros qu’on pensait. Il y a eu des limites financières et les ressources humaines n’ont pas toujours été faciles à trouver, mais on est dans la bonne voie pour atteindre notre objectif, qui est de rendre le Jardin Moore rentable. Le mettre en valeur à son maximum prendra un certain temps, mais ça viendra.»
Travail colossal effectué
Au cours des derniers mois, M. Fontaine, aux côtés de Normand Bastien, président du conseil d’administration, de Rachel Labrèche, horticultrice, ainsi que de nombreux bénévoles, a notamment redonné vie aux platebandes laissées à l’abandon pendant deux ans. «Il a fallu recommencer les platebandes qui avaient été envahies par les mauvaises herbes en sauvant les vivaces encore vivantes et en coupant la lumière aux mauvaises herbes pendant plusieurs mois pour les éliminer sans pesticide», explique le coordonnateur qui, parallèlement, a travaillé sur les rénovations de la maison de M. Moore pour en faire une salle de réception.
D’ici l’ouverture des lieux, l’équipe tâchera de finaliser la bâtisse tout en nettoyant le plus possible le terrain. «Le potentiel de l’endroit est extraordinaire, affirme M. Fontaine. On n’en aura pas mis en valeur 50 % cette année. Il restera encore beaucoup d’aménagement paysager à faire», dit-il en se référant au plan directeur dont s’est muni le conseil d’administration pour le développement futur du jardin.
Vocation écologique
Lieu bucolique où les gens de la région pourront se recueillir, le Jardin Moore comportera différents volets d’activités, dont des visites guidées avec un aspect éducatif portant sur l’horticulture durable, l’horticulture urbaine, les plantes et les fleurs. «On veut apprendre aux gens à faire de l’horticulture sans pesticide et à utiliser le moins d’eau possible, comme ce que faisait M. Moore à l’époque où on ne parlait même pas de développement durable», indique M. Fontaine, qui annonce qu’une programmation d’activités à saveur culturelle sera également dévoilée sous peu.
À cela s’ajoutera la salle de réception qui deviendra la vache à lait du jardin, espère-t-il : «On voulait développer une offre de services qui allait permettre au jardin de devenir rentable. On s’est rendu compte que ce type de salle, pouvant accueillir 50 personnes ou moins, était recherché. Avec le site autour, on croit que la demande sera là. Il faudra simplement la publiciser.»
Bref, toute l’équipe de la relance du Jardin Moore pourra dire avec fierté «mission accomplie» lors de sa réouverture, le 17 juin. «Avoir réussi à mobiliser le milieu et à rendre le lieu fonctionnel à nouveau me donne le sentiment du devoir accompli, mais maintenant, il reste à l’animer et à améliorer le jardin en fonction du plan directeur, qui inclura différentes thématiques. Je rêve que le jardin retrouve la beauté qu’il avait à l’époque et qu’il réponde à la vocation écologique que lui avait donnée M. Moore», conclut pour sa part la vice-présidente.
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Bref historique du Jardin Moore
Né de parents ayant émigré de Grande-Bretagne pour s’établir à Montréal le 12 juillet 1908, William Dyson Moore visite la Nouvelle-Angleterre au début de la vingtaine. Il est frappé par l'harmonie du développement qui y règne. Dès lors, il caresse un rêve précieux : celui de posséder un jour un coin de pays qu’il pourra façonner selon sa vision, en parfaite harmonie avec la nature. En mai 1944, il est charmé par une ferme abandonnée le long d’une rivière et voisine d’un vaste domaine jadis seigneurial. Il voit tout le potentiel du site et, sans même en parler à sa femme, Dora Casement, il acquiert le lieu pour en faire le Domaine Moorecrest. C’est en 1985 qu’il entreprend la création d’un jardin, sous les conseils de Tony Huber, une sommité en horticulture, et avec la collaboration de son jardinier, Michel Vaillancourt, avec qui il développe des méthodes innovatrices, en tout respect de l’environnement, pour cultiver les fleurs dans une terre glaiseuse et peu fertile. L’Oasis Florale Moorecrest gagne ses lettres de noblesse. En 1992, alors que l’œuvre M. Moore jouit d’une notoriété certaine, quelques personnes s’unissent et forment la Fondation Dyson Moore, qui aura pour mission la continuité de l’œuvre et, ultimement, l’acquisition de l’Oasis Florale Moorecrest. En juillet 1997, l’Oasis Florale Moorecrest prend un virage et s’appelle dorénavant les Jardins Moore pour refléter clairement l’objectif et la mission. Malgré plusieurs distinctions reçues dans les années 90, les Jardins Moore font face à des difficultés financières dans les années 2000. C’est alors qu’en 2011, la Fondation souhaite vendre les lieux. La chose étant impossible, de nouvelles personnes souhaitent prendre le flambeau. Un nouveau conseil d’administration est ainsi formé, en 2012, et un plan de relance est créé. En 2013, les Jardins Moore deviennent le Jardin Moore, et c’est en 2015 que sa réouverture a lieu, après deux ans d’inactivité. Rappelons que M. Moore est décédé en juillet 2002.
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