Mouvement citoyen pour sauver La Bergeronne

C’était en 2011. Un groupe de citoyens montaient aux barricades pour que la Ville de Terrebonne protège le site historique de La Bergeronne, qu’un promoteur immobilier venait d’acheter avec l’intention d’y construire des condos. Quatre ans plus tard, le terrain et ses bâtiments patrimoniaux sont à nouveau mis en vente. Cette fois, les citoyens du quartier espèrent que la Ville saisira l’opportunité de l’acquérir pour en faire un lieu de rassemblement culturel et communautaire. 

Depuis quelques années, Marc-Olivier Lacroix et quelques voisins du quartier Georges VI ont d’ailleurs travaillé à élaborer un projet de Maison du citoyen pour que soit mis en valeur ce site, sis au 310, côte de Terrebonne.

L’ancienne propriété de la seigneuresse Masson, ayant ensuite appartenu au sculpteur Germain Bergeron, abritait autrefois une scierie sur le ruisseau, avec une roue à aubes qui actionnait une scie debout. Maintenant, en plus de La Bergeronne – petite maison québécoise en pierre datant des années 1850 –, on y trouve d’autres bâtiments ancestraux, dont la maison principale, un bel exemple de l’architecture du 20^e siècle, un foyer de pierre, un four à pain, un atelier de forgeron et un escalier de meunier.

«J’ai emménagé dans le secteur Georges VI en 2011. À l’époque, je ne connaissais rien de l’histoire de La Bergeronne et de son site. Lorsque j’en ai appris un peu plus sur les lieux, puis que j’ai su qu’un promoteur immobilier souhaitait tout raser pour y construire des condos, je me suis dit que ça n’avait aucun sens. Avec le quartier Urbanova qui est en plein développement, c’est le dernier vestige du passé qu’il nous reste dans le coin.»

Une idée bien développée

Le résident a donc communiqué avec ses voisins, puis lancé une pétition pour que soient préservés le terrain et ses bâtiments historiques, et afin que la Ville consulte les citoyens avant de prendre toute décision relative au développement du site. Près de 350 signatures ont été recueillies. «La Ville a réagi en imposant des critères restrictifs pour le développement des lieux, ce qui a fort probablement empêché le promoteur de mener à terme son projet de condos, mais il faut aller plus loin.»

Le groupe de citoyens a donc élaboré un projet de Maison du citoyen, comme il en existe dans d’autres villes. «Ce projet permettrait à la communauté de profiter d’un lieu unique transformé en un espace de vie culturel, communautaire et artistique», a poursuivi M. Lacroix. Par exemple, on pourrait y retrouver une salle polyvalente, une galerie d’art, un espace nature pour y valoriser sa faune et sa flore, un marché public, un centre de location de vélos et de skis de fond (le site étant situé à proximité de la TransTerrebonne), et bien plus. Un organisme à but non lucratif – créé en mai 2015 – gérerait le tout.

«Nous avons été interpelés dans le cadre de l’élaboration de ce projet, a avoué Claude Blouin, président de la Société d’histoire de la région de Terrebonne. Nous avons accompagné ces citoyens qui nous ont demandé notre expertise quant au volet patrimonial du site. Mais c’est vraiment leur projet. Chose certaine, nous sommes prêts à collaborer avec ces gens et avec la Ville. C’est un dossier qu’on suit depuis longtemps.»

Terrebonne étudiera le projet

Du côté de la Municipalité, le maire Jean-Marc Robitaille n’était pas fermé à l’idée lorsqu’on la lui a présentée en séance du conseil municipal, le 17 août. «C’est un dossier sur lequel la commission de l’aménagement s’attarde. Le service de l’urbanisme durable devrait d’ailleurs produire un rapport d’ici deux semaines concernant le site. La Ville reconnait son aspect patrimonial, et votre idée semble intéressante. Il faut toutefois en analyser la faisabilité et les coûts. Je ne peux pas m’avancer tant que cet exercice n’a pas été réalisé», a-t-il réagi, précisant que rien ne serait construit ou détruit avant que les choses aient préalablement été définies avec les résidents du quartier.  

Il a ajouté que le sujet était aussi à l’ordre du jour de la prochaine rencontre de la commission de la culture, le 26 août. Le conseiller municipal du quartier, l’indépendant Serge Gagnon, adhère pour sa part à cette idée de Maison du citoyen. «C’est sûr qu’il faut prioriser les dossiers en tenant compte de la capacité de payer des contribuables. Toutefois, à mes yeux, il ne fait aucun doute que la prise en charge de ce site et sa valorisation sont des priorités.»

Abandonné et mal entretenu

Et le temps presse, puisque le site est laissé à l’abandon depuis trop longtemps. Sur place, le journal La Revue a pu y constater un laisser-aller dans l’entretien, mais aussi des bouteilles de bière, des produits liés à la consommation de drogue et bien d’autres déchets de toutes sortes.

Selon les citoyens rencontrés par notre équipe de rédaction, le fait que le terrain soit actuellement à vendre presse aussi à agir. «Il y a eu de l’intérêt pour le site, mais aucune transaction n’a encore été finalisée», a précisé Clément Depelteau, courtier immobilier de l’agence RE/MAX Harmonie. L’entreprise propriétaire – MGM Développement, selon les informations qu’il nous a fournies – demande 1,7 M$ pour ce terrain de plus de 100 000 pieds carrés et ses bâtiments.

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Pour en savoir plus sur le projet de Maison du citoyen ou pour vous impliquer, visitez le blogue labergeronne.wordpresse.com ou le www.facebook.com/labergeronne.