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13 janvier 2016

QUE SONT-ILS DEVENUS? Michel Dumont sur le parcours du combattant

©Michel Dumont et sa femme, Solange Tremblay.

Condamné à tort pour le viol d’une femme, Michel Dumont a passé les 25 dernières années sur le parcours du combattant. Que ce soit lors de son séjour en prison, où il a toujours clamé son innocence, dans les tribunaux de la province, où il a tenté d’obtenir réparation, ou même dans son quotidien, où le passé ne cessait de le hanter, le Terrebonnien a affronté les pires obstacles. Mais aujourd’hui, il se dit prêt à regarder en avant.

 «Il faut que je lâche prise. Sinon, je vais devenir fou», confie-t-il d’emblée au journal Le Trait d’Union, tout en replongeant dans ses souvenirs. Parce qu’une telle épreuve ne nous quitte jamais réellement…

Les origines de l’histoire

L’affaire remonte à novembre 1990. Une femme de Boisbriand, Danielle Lechasseur, se présente aux policiers en affirmant avoir été victime d’un viol sous la menace d’un couteau. Quelques semaines plus tard, Michel Dumont est arrêté et inculpé sous quatre chefs d’accusation. En juin 1991, il est reconnu coupable de toutes les accusations qui pèsent contre lui et en janvier 1992, il est condamné à 52 mois d’emprisonnement. Le calvaire du Terrebonnien ne fait alors que commencer.

Ayant toujours clamé son innocence, Michel Dumont décide d’interjeter appel de la décision rendue, une requête qui est rejetée en 1994. Le jeune père de famille est arrêté et emprisonné. Il est libéré 34 mois plus tard, après que la présumée victime eut admis avoir des doutes sur sa culpabilité. Grâce au travail colossal de sa femme, qui a colligé une quantité considérable d’informations et qui s’est par la suite adressée à la ministre de la Justice du Canada, la cause est renvoyée en appel. La Cour d’appel du Québec annule finalement la condamnation du Terrebonnien en février 2001.

Si l’homme de 55 ans a obtenu réparation de la Ville de Boisbriand, il n’en est rien des gouvernements du Québec et du Canada, contre lesquels il a intenté un recours en dommages et intérêts de 2,5 M$. Débouté devant la Cour supérieure et la Cour d’appel, qui ont jugé que la Couronne et les autorités carcérales n’avaient pas commis de faute, Michel Dumont a essuyé un dernier revers devant la Cour suprême du Canada, qui a refusé d’entendre son appel en mai 2013. Et ce, malgré que le comité des droits de l’ONU eut fait valoir qu’en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, l’État était «en obligation de [lui] fournir un recours utile sous forme d’une indemnisation». 

«C’est trop injuste»

Bien que la décision de la Cour suprême ait définitivement mis un terme aux démarches judiciaires de Michel Dumont, le Terrebonnien est-il vraiment prêt à tourner la page? «Personnellement, je le suis. J’ai envie de profiter de la vie. J’aime voyager, et nous venons de nous acheter une "fifth wheel" pour en profiter encore plus. Ma femme, par contre, est encore dans ce combat.»

Assise à ses côtés, Solange Tremblay acquiesce. Celle qui a été décorée à deux reprises par l’Assemblée nationale et honorée par la Chambre des communes pour sa contribution à l’avancement du dossier de son mari a encore envie de se battre. «Je ne suis pas capable d’abandonner. C’est trop injuste. Ça a pris six ans avant que l’ONU nous donne raison, mais nous y sommes parvenus. Et maintenant, je veux écrire à Justin Trudeau. Quand on se bat contre une grosse machine, ça prend du temps. Mais j’y crois.»

Penser positivement

Le couple a-t-il l’impression que le film biographique «L’Affaire Dumont» a donné du poids à sa cause, bien que le couperet de la Cour suprême soit tombé quelques mois après sa sortie? «Je crois que le public sympathisait déjà avec notre cause, exprime Michel Dumont. J’admets toutefois que les sorties publiques qui ont suivi la parution du film, [dont celle de Danielle Lechasseur, qui a affirmé à l’animateur Denis Lévesque ne plus avoir de doute sur la culpabilité du Terrebonnien] m’ont fait rager. Je n’étais même plus capable de travailler! Je ne comprends pas qu’il ait accepté que cette femme vienne mentir comme ça sur son plateau! Le film est extrêmement fidèle à notre histoire et basé sur les notes sténographiques des tribunaux», insiste-t-il.

Bien sûr, cette saga leur a fait revivre des moments parfois difficiles. «Toutefois, avec le temps, j’ai compris qu’il faut trouver des côtés positifs dans tout ce que l’on vit, note le principal intéressé. Par exemple, mon passage en prison m’a fait grandir. Je suis maintenant moins centré sur moi-même. J’ai aussi plus tendance à prendre ma place qu’avant. La vie est courte, et il vaut mieux en profiter.»

Boucler la boucle

Et c’est ce que le couple s’efforce de faire. Bien que tous deux travaillent encore 40 heures par semaine et qu’en plus, Michel Dumont gère sa propre entreprise de vente et d’installation de systèmes ionisateurs, ils pensent déjà à leur préretraite. Le temps passé avec leurs cinq enfants et leurs petits-enfants est également fort précieux.

«Je continue aussi à donner des conférences dans les écoles, conclut le Terrebonnien. Ça me permet de raconter mon histoire, avec ses mauvais et ses bons moments.» Et peut-être aussi, en quelque sorte, de boucler la boucle, un jour à la fois. Après tout, ne dit-on pas que la vie réserve ses plus grandes batailles à ses meilleurs soldats?

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