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07 avril 2017

La semaine sainte d’antan

©L’intérieur de l’église de Terrebonne qui se faisait belle lors des grandes fêtes religieuses (Photo : Archives Lanaudière, fonds Aimé-Despatis)

L’Église catholique compte un grand nombre de fêtes dans son calendrier liturgique, mais celle de Pâques était assurément la plus importante, elle était même le point central de l’année chrétienne. D’ailleurs, la semaine précédant le jour de Pâques constituait un grand rituel de passage; on l’appelait la semaine sainte.   

D’abord, le carême

Après l’abondance de la période festive qui se termine avec la fête du Mardi gras s’amorçait la longue période du carême, à compter du mercredi des Cendres. Pendant 40 jours, les catholiques étaient appelés à vivre un mode de vie plus austère en pratiquant la privation, le jeûne, l’abstinence, la prière et la mortification. Ils participaient plus assidument à la messe, idéalement tous les matins, ou au moins trois fois par semaine. Le jeudi de la troisième semaine, jour de la Mi-Carême, on faisait une pause d’une journée où l’on festoyait lors de mascarades et de veillées.

Parmi toutes les privations, la pratique du jeûne et l’abstinence de manger de la viande pendant le carême était au cœur des rites. Pour bien accomplir son jeûne, le fidèle de 21 à 59 ans était appelé à ne prendre qu’un seul repas complet par jour, appuyé de deux collations, sauf le dimanche. Pour ce qui est de l’abstinence de manger de la viande, les coûts prohibitifs du poisson en cette saison allaient forcer les autorités religieuses à changer cette pratique à compter de 1844. À partir de ce moment, les règles de l’abstinence pendant le carême ne s’appliquèrent que les trois jours suivants le mercredi des Cendres, soit tous les mercredis, vendredis et samedis, le dimanche des Rameaux ainsi que tous les jours de la semaine sainte. Plus tard, ces règles s’assouplirent de nouveau aux mercredis et vendredis du carême.  

Au début des années 1820, on ajouta une autre pratique, soit celle de la neuvaine de Saint François-Xavier. Du premier samedi au deuxième dimanche du carême, les paroissiens assistaient à une messe prêchée généralement par un religieux externe, suivie des prières indispensables pour gagner des indulgences; confession, prières, chants de litanies de Saint François-Xavier étaient au programme. L’objectif de la neuvaine était de mieux comprendre l’essentiel du message chrétien. Les prêches revêtaient souvent un caractère dramatique, axés sur l’enfer, le jugement dernier, bref, tout ce qu’il fallait pour rappeler « au simple pêcheur mortel » la nécessité de se confesser à l’occasion de Pâques. C’était véritablement le temps du « grand ménage » spirituel de l’année.

Dimanche des Rameaux

La semaine sainte s’amorçait avec le dimanche des Rameaux, soit le dimanche précédant celui de Pâques. Fidèle au dogme chrétien, elle commémorait l’entrée de Jésus à Jérusalem, marquant également le début de la «Passion du Christ».

Dans les rituels, on en profitait pour faire bénir des branches de sapin qui avaient pour but de protéger la maison durant l’année. Au XXe siècle, elles furent remplacées par des palmes exotiques.

Les jours de la semaine sainte

Du lundi au mercredi saints, il n’y eût plus de cérémonie particulière. Le jeudi saint on assistait à la messe chrismale qui consistait à la bénédiction des saintes huiles servant à la confection du saint chrême. Le soir, on célébrait la messe de la Cène, rappelant, selon la tradition chrétienne, le dernier repas du Christ avec ses disciples. Le Vendredi saint, l’Église était en deuil, on y commémorait la Passion et la mort de Jésus, c’était le moment propice pour faire son chemin de croix. Le samedi saint, il n’y avait pas de messe, seule une vigile pascale se tenait dans l’église.

La confession annuelle

Le concile de Latran, survenu en 1214, obligeait les chrétiens à se confesser chaque année au cours des semaines entourant Pâques. L’absolution prononcée par le prêtre accordait la rémission des péchés et délivrait le pécheur de son mal.

La communion pascale

Depuis le XIIIe siècle, tous les catholiques avaient l’obligation de communier au moins une fois l’an, soit à l’occasion de la fête de Pâques. Le refus de se conformer à cette règle pouvait, s’il était dénoncé à l’évêque, amener le rebelle à être excommunié et le vouait à la «condamnation éternelle» s’il venait à mourir dans cet état. D’ailleurs, la communion pascale était un des principaux indices permettant de mesurer la qualité de l’engagement religieux des paroissiens. Ceux qui dérogeaient à cette pratique étaient inévitablement «étiquetés».  

Contrairement aux idées préconçues, de nombreux fidèles ne se conformaient pas à ces pratiques. D’ailleurs, dans les années 1840, entre le tiers et la moitié des gens ne respectaient pas le jeûne et l’abstinence, le quart des paroissiens ne recevaient pas l’absolution lors de la confesse annuelle, presque autant n’allaient pas faire leur communion pascale. Toutefois, pour des raisons trop longues à expliquer ici, on assista, dans les années qui suivirent, à un «éveil religieux» au Québec, si bien que dès la fin du XIXe siècle, les fidèles «marchaient dans le bon chemin». L’Église avait su imposer son «code de vie» au sein de la société québécoise!

Le dimanche de Pâques

Le point culminant de la semaine sainte se terminait le soir du dimanche de Pâques. Il était alors obligatoire de chômer et d’aller à la messe. La fête marquait la fin du carême ainsi que le renouveau naturel et spirituel du printemps. Elle symbolisait le retour de la lumière, ou l’équinoxe du printemps. Dans un contexte religieux, la lumière tenait lieu de révélation ou de vérité divine. Elle commémorait plusieurs événements : la sortie d’Égypte, l’institution eucharistique de la Pâque, la crucifixion du Christ, son repos au tombeau et sa résurrection. Le mot «Pâque» signifiait «le passage».

Source : Louis Rousseau et Frank W. Remiggi (1998), Atlas historique des pratiques religieuses — Le Sud-Ouest du Québec au XIXe siècle, Les Presses de l’Université d’Ottawa, p. 156 à 161; Fonds de recherche de l’auteur.

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