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Retour22 septembre 2017
QUE SONT-ILS DEVENUS? Michel Surprenant, entrepreneur à temps plein

©Michel Surprenant se consacre à son entreprise, M.S. Décor. Il était notamment présent au lancement de la nouvelle programmation de la Chambre de commerce et d’industrie Les Moulins, le 20 septembre. (Photo : Pénélope Clermont)
Le grand public a découvert Michel Surprenant dans de bien tristes circonstances. C’était en novembre 1999. Le Terrebonnien venait de constater la disparition de sa fille Julie. Il la cherchait à l’époque et la cherche encore aujourd'hui. Si le drame peut paraître insurmontable aux yeux de plusieurs, l’homme a réussi à l’apprivoiser. Puis, le public l’a connu sous d’autres angles, notamment en tant que président de l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues (AFPAD), jusqu’en 2014, et comme candidat pour le Parti conservateur, en 2015.
C’est surtout l’entrepreneur qui se trouvait au bout du fil, lors de l’entrevue que Michel Surprenant a accordée au Trait d’Union. Un rôle dont on n’a pas souvent parlé dans nos pages. Or, depuis plus de 32 ans, M. Surprenant dirige une entreprise de décoration, M.S. Décor. «Ça a commencé quand j’habitais Montréal-Nord et ça s’est poursuivi. Je fais davantage du service à domicile auprès d’une clientèle cible aujourd’hui», dévoile-t-il.
C’est le hasard qui a mené l’entrepreneur sur cette voie. Après avoir perdu un emploi pour cause de fermeture d’usine, en 1985, il a dû se «retourner de bord». «Je suis allé acheter des rideaux pour mon propre besoin et de retour à la maison, je me suis dit que ce ne serait pas une mauvaise chose d’en vendre. J’ai donc ouvert un magasin», raconte-t-il.
Depuis les élections fédérales de 2015, lors desquelles il était candidat pour le Parti conservateur dans la circonscription de Terrebonne, M. Surprenant se consacre pratiquement exclusivement à son entreprise. «Les élections ont demandé beaucoup de temps et d’investissements. J’avais négligé mon entreprise et il me fallait reprendre le collier pour aller chercher ce que j’ai perdu en affaires», confie-t-il.
Retour sur les élections de 2015
Malgré l’impact que son expérience comme candidat a eu sur sa vie professionnelle, voire personnelle, le Terrebonnien affirme n’entretenir aucun regret. «C’était une belle expérience à vivre, mais c’est sûr que quand on est au sommet, on devient plus ciblé. Il y a un côté moins agréable à ça», reconnaît-il.
Rappelons qu’à l’époque, il avait été question dans les médias que M. Surprenant ait été rabroué par son parti pour avoir affirmé qu’il était favorable à la castration et à l’installation de bracelets GPS sur les prédateurs sexuels. Dans la même période, on avait soulevé qu’un an plus tôt, il aurait été invité à démissionner de l’AFPAD en raison de son comportement dérangeant.
«J’ai des convictions par rapport aux victimes d’actes criminels et elles ne changeront pas. Semble-t-il qu’on ne peut pas aborder ces questions en période électorale pour toutes sortes de raison que je ne suis pas prêt à endosser», commente celui qui affirme ne plus avoir envie de faire de politique.
Quant à son départ de l’AFPAD, après dix ans d’implication, il l’explique par une volonté de se distancer des drames des autres, pour se préserver : «C’est très prenant et difficile de côtoyer des victimes d’actes criminels. Elles sont dans les émotions et j’ai moi-même mon propre fardeau. Je commençais à trouver ça lourd. Je me suis dit qu’il était temps de laisser ça à d’autres.»
Apprivoiser le drame
Comme M. Surprenant l’évoque, il porte en lui un drame immense depuis ce matin du 16 novembre 1999 où il a noté l’absence de sa fille Julie. «On apprend à vivre de façon sereine avec le temps, mais on garde toujours espoir. Avec ce genre de situation, il faut être capable de faire vivre l’histoire pour peut-être avoir des réponses un jour», explique celui qui tente de rester positif.
«Dans une histoire de disparition, on n’a pas de réponses et on est porté à se faire des scénarios. C’est la pire chose à faire d'entretenir des hypothèses qui ne sont pas la réalité, soulève-t-il. Il faut accepter qu’on n’ait pas de réponses, en fait. Il ne faut pas non plus chercher de prix de consolation du type "elle est mieux où elle est".»
Il faut aussi se l’avouer, cela demande une grande capacité de résilience. «Il faut une volonté de s’en sortir et aller chercher des conseils pour que l’idée fasse son chemin dans le cerveau. On le voit tout de suite qui veut réellement s’en sortir, et je serai toujours prêt à m’asseoir avec quelqu’un qui veut s’en sortir parce que je saurai que mon temps sera profitable», conclut-il.
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