Incendie suspect de La Bergeronne : entre tristesse et colère

©Comité de citoyens pour la sauvegarde de La Bergeronne

L’incendie a causé d’importants dommages, surtout par l’eau utilisée pour éteindre les flammes, mais la structure ne semble pas avoir été affectée, selon le Service de sécurité incendie de Terrebonne.

Les réactions fusent de toutes parts à la suite de l’incendie suspect d’un des bâtiments du domaine de La Bergeronne, sur la côte de Terrebonne. Le 16 mars en soirée, dix ans jour pour jour après la vente du site, les flammes ont lourdement endommagé la demeure, qui est toutefois toujours debout au lendemain du sinistre.

« C’est d’une grande tristesse. Nous sommes scandalisés parce qu’on savait que ça allait arriver. Nous sommes révoltés », a réagi d’emblée Élaine Ayotte, porte-parole du comité de citoyens pour la sauvegarde de La Bergeronne, ce domaine de plus de 100 000 pieds carrés autrefois possédé par le réputé sculpteur Germain Bergeron.

Le bâtiment où le feu a pris naissance est celui en briques rouges, appelé la Maison Darius-Ouimet, construite en 1918. L’intervention rapide des pompiers, qui sont arrivés vers 20 h et qui ont mis quelques heures à éteindre le brasier, n’a pas permis de limiter les dommages intérieurs. Sans être une perte totale, l'immeuble a été « lourdement endommagé par l’eau », mais la solidité de la structure ne serait pas affectée, selon le directeur du Service de sécurité incendie de Terrebonne, Sylvain Dufresne. « Les autres structures du site, soit l’édifice en pierre, l’atelier de forgeron, le four à pain et la dépendance n’auraient subi aucun dommage », ajoute-t-il dans un communiqué de presse.

Le dossier a été transféré à la police de Terrebonne, qui le traite comme un incendie de nature suspecte. Des techniciens en scène d’incendie devaient accéder à la scène mercredi pour commencer leur enquête.

Des photos prises par des citoyens permettent de voir des bidons d’essence à proximité de la maison en flammes. Des résidents du secteur qui regardaient avec désolation les flammes jaillir de l’immeuble patrimonial disent aussi avoir senti une odeur d’essence. Par ailleurs, un citoyen qui a été l’un des premiers à alerter les pompiers affirme avoir vu deux personnes s’enfuir en courant lorsque le feu a pris naissance. Ce sont tous des éléments que les policiers prendront en considération dans leur enquête.

Toujours debout

Le comité pour la sauvegarde du site se console en voyant que le bâtiment n’a pas été réduit en cendres, comme certains le craignaient mardi soir. « On ne baissera pas les bras! Par ailleurs, merci aux pompiers. Ils étaient nombreux et semblaient motivés à vouloir éteindre l’incendie rapidement », ajoute Mme Ayotte, tout en espérant que la Ville agira rapidement pour forcer le propriétaire du site, Développement M.G.M., à sécuriser les bâtiments lui appartenant.

La Revue a tenté de joindre certains des copropriétaires, mais ceux-ci ne nous avaient par rappelé au moment de publier l'article.

« L’administration Plante a tardé à agir »

Claudia Abaunza, qui sera candidate pour le Mouvement Terrebonne dans ce quartier lors des élections municipales de novembre, était autant choquée que triste d’apprendre la nouvelle. Elle juge que « l’administration Plante a tardé à agir » en ne forçant pas le propriétaire de l’immeuble à assurer une « sécurité de base » des bâtiments. « J’espère que ce sera une leçon, une sorte de wake-up call parce que ça pourrait arriver dans d’autres bâtiments patrimoniaux de grande valeur, comme la Globe Shoe », donne-t-elle en guise d’exemple.

Nous avons également tenté de joindre le conseiller municipal Serge Gagnon, mais nous n’avions pu lui parler au moment d’écrire ces lignes. Il a toutefois pris le temps de faire une mise au point sur Facebook. « Le parti d’opposition a, dès hier soir, accusé notre administration d’être responsable de l’incendie de La Bergeronne. C’est un commentaire mesquin et gratuit, écrit-il. J’ai personnellement signalé, il y a quelques mois, des défaillances de sécurité du site, et le service de prévention des incendies a fait son travail par la suite. Aussi, notre administration a entamé un vaste travail de protection du patrimoine avec un budget conséquent pour tous les bâtiments patrimoniaux de la ville. »

« Il s’agit d’un triste événement, ce site étant reconnu pour sa grande valeur patrimoniale », a pour sa part réagi le maire Marc-André Plante dans un communiqué.

Récemment, La Bergeronne avait refait surface dans l’actualité, puisqu’un comité de citoyens déplorait l’abandon de l’endroit. En décembre, la Société d'histoire de la région de Terrebonne (SHRT) demandait même l’intervention de la ministre de la Culture, Nathalie Roy, pour en assurer la sauvegarde, la protection et la mise en valeur.

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