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19 mars 2021

Jean-Marc Gilbert - jmgilbert@lexismedia.ca

La Bergeronne : c’est criminel

bergeronne

©Comité de citoyens pour la sauvegarde de La Bergeronne

L’incendie a causé d’importants dommages, surtout par l’eau utilisée pour éteindre les flammes, mais la structure ne semble pas avoir été affectée, selon le Service de sécurité incendie de Terrebonne.

Trois jours après l’incendie suspect d’un des bâtiments du domaine de La Bergeronne, sur la côte de Terrebonne, la police de Terrebonne confirme qu’il s’agit d’un acte criminel.

Étant donné la nature suspecte du brasier qui a lourdement endommagé la Maison Darius-Ouimet le 16 mars en soirée, le dossier avait été transféré à la police de Terrebonne. « Selon les indices recueillis sur place, il est établi qu’il s’agit d’un incendie criminel », indique le service de police, après l’expertise des techniciens en scènes d’incendies.

Des photos prises par des citoyens permettent de voir des bidons d’essence à proximité de la maison en flammes. Des résidents du secteur qui regardaient avec désolation les flammes jaillir de l’immeuble patrimonial disent aussi avoir senti une odeur d’essence. Un citoyen qui a été l’un des premiers à alerter les pompiers affirme avoir vu deux personnes s’enfuir des lieux en courant. Les policiers ne confirment toutefois pas la validité de ces informations pour l’instant.

Sans être une perte totale, l'immeuble de briques rouges a été « lourdement endommagé par l’eau », mais la solidité de la structure ne serait pas affectée, selon le directeur du Service de sécurité incendie de Terrebonne, Sylvain Dufresne. « Les autres structures du site, soit l’édifice en pierre, l’atelier de forgeron, le four à pain et la dépendance, n’auraient subi aucun dommage. »

Entre tristesse et colère

Les réactions ont fusé de toutes parts à la suite de l’incendie du bâtiment construit en 1918. « C’est d’une grande tristesse. Nous sommes scandalisés parce qu’on savait que ça allait arriver. Nous sommes révoltés », a réagi d’emblée Élaine Ayotte, porte-parole du comité de citoyens pour la sauvegarde de La Bergeronne, ce domaine de plus de 100 000 pieds carrés autrefois possédé par le réputé sculpteur Germain Bergeron.

Le comité pour la sauvegarde du site se console un minimum en voyant que le bâtiment n’a pas été réduit en cendres. « On ne baissera pas les bras! Par ailleurs, merci aux pompiers. Ils étaient nombreux et semblaient motivés à vouloir éteindre l’incendie rapidement », ajoute Mme Ayotte, tout en espérant que la Ville agira rapidement pour forcer le propriétaire à sécuriser les bâtiments.

Claude Blouin, président de la Société d’histoire de la région de Terrebonne (SHRT), est du même avis. « Ce qui devait arriver arrive. C’était calme à l’horizon et il n’y avait pas de démarches de la part des promoteurs […] C’est dommage que la Ville n’ait pas mis ses culottes avant. » Il rappelle les demandes, dont celle de classement du site patrimonial, formulées au ministère de la Culture et des Communications et personnellement à la ministre Nathalie Roy, en décembre dernier. Depuis, il n’a reçu que des accusés de réception.

M. Blouin croit que cette lenteur s’explique par le fait que les fonctionnaires chargés de protéger l’ensemble du patrimoine québécois sont débordés.

Développement M.G.M. est propriétaire du domaine. La Revue a tenté de joindre certains des responsables de l’entreprise, mais ceux-ci ne nous avaient par rappelé au moment de publier l'article.

« L’administration Plante a tardé à agir »

Claudia Abaunza, qui sera candidate pour le Mouvement Terrebonne dans ce quartier lors des élections municipales de novembre, était aussi choquée que triste d’apprendre la nouvelle. Elle juge que « l’administration Plante a tardé à agir » en ne forçant pas le propriétaire de l’immeuble à assurer une « sécurité de base » des bâtiments. « J’espère que ce sera une leçon, une sorte de wake-up call parce que ça pourrait arriver dans d’autres bâtiments patrimoniaux de grande valeur, comme la Globe Shoe », illustre-t-elle.

En entrevue, le conseiller municipal du quartier, Serge Gagnon, a témoigné de « l’énorme déception » qu’il a ressentie en apprenant la nouvelle. « Le propriétaire du site se fout de nous depuis le début […] Il a été mis à l’amende à quelques reprises, mais c’est le jeu du chat et de la souris avec lui », lance-t-il.

Il n’a pas apprécié en outre les critiques de l’opposition et s’est défendu. « J’ai personnellement signalé, il y a quelques mois, des défaillances de sécurité du site, et le service de prévention des incendies a fait son travail par la suite », a-t-il écrit sur Facebook, tout en rappelant « le vaste travail de protection du patrimoine » entamé récemment par l’administration municipale.

« Il s’agit d’un triste événement, ce site étant reconnu pour sa grande valeur patrimoniale », a réagi le maire Marc-André Plante dans un communiqué.

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