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Retour19 mai 2021
Stéphane Fortier - sfortier@medialo.ca
Pas évident de se trouver un logement

Le loyer moyen a augmenté de 34 % en 5 ans à Terrebonne. Il était de 690 $ en 2015 et de 927 $ en 2020.
Avec un taux d’inoccupation de 0, 4 % à Terrebonne et une situation semblable à Mascouche, il n’est pas facile de se trouver un logement dans la MRC Les Moulins par les temps qui courent, et le 1er juillet n’est pas si éloigné dans le temps.
Le 24 avril, c’était la Journée des locataires. En temps normal, lorsqu’on consacre une journée à un groupe de personnes, cela se traduit par une occasion de célébrer. Selon Amélie Pelland, intervenante et coordonnatrice chez Action-Logement Lanaudière, il n’y a vraiment pas là de quoi fêter. « Un taux de 0,4 %, c’est loin du taux d’équilibre d’environ 3 %. C’est un vrai coup de poing au visage des comités logement. Ils subissent une augmentation des demandes d’aide de locataires en détresse, qui ont énormément de pression en raison des évictions et des augmentations de loyer illégales, sans oublier les locataires qui sont actuellement incapables de se trouver un logement », de lancer Mme Pelland.
En plus des difficultés à se trouver un logement, les locataires doivent faire face à des augmentations de loyer assez imposantes. « Les propriétaires ont le gros bout du bâton. À cause de la pénurie de logements, ils en profitent pour augmenter les loyers de façon parfois astronomique. Nous avons reçu plus d’une soixantaine d’appels à ce sujet et, selon nos estimations, la plupart de ces hausses étaient abusives, même illégales », mentionne Amélie Pelland. Elle raconte que certains locataires ont reçu des avis d’augmentation de loyer mensuel de 125 $, de 150 $, de 300 $ et même de 500 $.
« Le loyer moyen a augmenté de 34 % en 5 ans à Terrebonne. Il était de 690 $ en 2015 et de 927 $ en 2020 », d’ajouter Mme Pelland.
Pour se justifier, des propriétaires invoquent qu’ils doivent s’ajuster au marché actuel. « C’est complètement faux. Les locataires croient que c’est légal, car ils voient des logements vacants affichés à des prix de loyer faramineux », rétorque-t-elle.
Où se loger?
On le voit, les augmentations du prix des loyers sont en grande partie liées à la pénurie de logements. C’est la fameuse loi de l’offre et de la demande qui s’applique.
Justement, à propos de la difficulté à se trouver un logement, le maire de Terrebonne, Marc-André Plante, avait lui aussi un message à livrer. « Le logement social et abordable est devenu une denrée de plus en plus rare ces dernières années dans le grand Montréal. Et cette crise du logement touche les personnes les plus vulnérables de notre société. Le droit au logement recule au Québec et c'est inacceptable. La commission du logement social de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), dont je suis membre, appelle le gouvernement du Québec à agir. Il doit donner un signal fort en investissant massivement dans la réhabilitation et la construction de logements sociaux. Tous méritent d'avoir un toit sur la tête, un chez-soi sûr et abordable », de dire M. Plante.
Abusif
La Société canadienne d'hypothèques et de logement statue que le prix des loyers a augmenté de 6 % en 2020 au Québec, soit un pourcentage supérieur que ce qui est permis par le Tribunal administratif du logement.
Une locataire de Terrebonne, Brigitte Blanchard, loue une maison à Terrebonne. Elle a reçu un avis d'augmentation de loyer de 700 $ par mois. « Je ne peux absorber une telle augmentation. Et en plus, il y a des travaux à faire dans la maison et ils ne sont pas faits par le propriétaire », déplore Mme Blanchard, une mère monoparentale qui entend porter plainte au Tribunal administratif du logement. Elle craint de devoir déménager si elle n’obtient pas gain de cause. Son enfant, dit-elle, s’est pourtant bien intégré à son milieu, à son école primaire.
La règle édictée par le Tribunal administratif s’applique autant à ceux qui louent une maison qu’à ceux qui louent un appartement. « Nous avons environ 15 personnes qui ont communiqué avec nous, comme Mme Blanchard, pour des hausses de loyer abusives dans les MRC de Montcalm et Les Moulins », révèle Amélie Pelland.
De plus, la pénurie de logements fait en sorte que certains propriétaires augmentent aussi démesurément le coût du loyer au départ d’un locataire. « Sauf qu’il est tout à fait illégal d’augmenter abusivement le loyer au départ d’un locataire. Il y a des règles à suivre et il semble qu’elles ne soient guère suivies par certains propriétaires », constate Mme Pelland.
Action-Logement Lanaudière souhaite que le gouvernement du Québec mette en place un registre des loyers dans les plus brefs délais, afin qu’un nouveau locataire ait facilement accès à toute information sur l’augmentation du loyer, question qu’il puisse demander au Tribunal administratif du logement de faire diminuer le coût de son loyer lors d’une augmentation abusive.
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