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Retour24 août 2021
Gilles Bordonado - redactionlarevue@medialo.ca
« Je ne suis même pas surpris… » – Claude Blouin
©Pénélope Clermont - La Revue
Claude Blouin est peu optimiste quand au sauvetage de l’usine Moody.
Il n’y a pas d’homme plus passionné de l’histoire des Moody que Claude Blouin, président de la Société d’histoire de la région de Terrebonne (SHRT). Cet historien a signé nombre d’écrits sur l’illustre famille d’industriels de Terrebonne, dont son patriarche, Matthew.
Extrêmement ému du triste sort de l’usine Moody, Claude Blouin, protecteur du patrimoine terrebonnien depuis plus de 40 ans, avoue tout son dépit, toute sa déception. « Je ne suis même pas surpris de cet incendie et je me demande si ce n’est pas le sort qui attend La Bergeronne et la Globe Shoe. Ce matin, je suis tout à l’envers de voir ce magnifique bâtiment partir en fumée », évoque d’un trait l’ancien enseignant d’histoire au secondaire en identifiant ces deux édifices manufacturiers historiques de Terrebonne dont la protection et le sort semblent loin d’être assurés.
« Les temps ont bien changé. Aujourd’hui, malheureusement, la protection du patrimoine est vue comme une dépense inutile. On se gargarise de culture et d’histoire, mais ça n’a plus le sens que ça devrait avoir. Maintenant, chaque pouce carré doit être rentabilisé. Tout doit rapporter, tout n’est que retour sur l’investissement », évoque avec amertume M. Blouin, qui semble regretter le temps où la protection du patrimoine était une affaire prise au sérieux par les pouvoirs publics et, au sens large, par la société civile.
Coïncidence, ce dernier souligne que la veille au soir, il participait à un encan virtuel avec Mathieu Moody, un descendant direct de la 5e génération de la célèbre famille de Terrebonne, et Normand Brière, secrétaire de la SHRT, pour mettre la main sur une superbe moissonneuse de la Moody afin d’enrichir la collection de cette célèbre famille à la Maison d’histoire. « Arrivé à 900 $, on l’a perdue pour 25 $... », dira, la mort dans l’âme, Claude Blouin. L’objectif du trio était de mettre la main sur un nouvel artéfact touchant la famille Moody dans le but avoué de le mettre un jour en valeur dans l’usine restaurée.
Rencontré sur les lieux de l’incendie, Mathieu Moody, qui nous a raconté la même anecdote, avouait vivre « une désolation totale » de voir ce pan du patrimoine partir en fumée.
Claude Blouin a souligné que la SHRT planchait d’ailleurs depuis des semaines sur une proposition à déposer à la Ville de Terrebonne et au promoteur pour mettre en valeur cet édifice important dans l’histoire économique locale.
En conclusion, Claude Blouin ne se fait que peu d’illusions quant à l’avenir de l’usine ravagée par le feu : « Quand il est question d’édifices patrimoniaux frappés par des incendies, je suis d’une nature pessimiste. Et dans le cas de la Moody, si j’espère que ce qui en restera permettra de la restaurer, je doute, comme ce fut le cas pour tant d’églises, qu’elle tienne le coup. Je crains qu’elle ne termine, malheureusement, sous le pic des démolisseurs… », conclura M. Blouin, qui croise cependant ses doigts pour un miracle.
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