Carrières Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com Infolettre

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Actualité

Retour

25 août 2021

Gilles Bordonado - redactionlarevue@medialo.ca

Un édifice à la riche histoire

histoire moody

©Fonds d’archives Aimé Despatis, SHRT

Photo de l’usine de la famille Moody sur la rue Saint-Louis à Terrebonne en 1900. (Photo fournie par Claude Blouin)

L’incendie de la Moody, sur la rue Saint-Louis, est un véritable drame sur le plan de la protection du patrimoine industriel au Québec. Pour mieux comprendre ce dossier, vivons un retour en arrière de près de 200 ans.

L’apprenti forgeron Matthew Moody, né dans le Yorkshire en Angleterre vers 1811, arrive au Sault-au-Récollet de Montréal en 1829. Spécialisé dans la fabrication de haches, il s’installe avec son épouse, Mary Kempley de l'île Jésus, et leur premier fils, John, sur Saint-François-Xavier, entre des Braves et Sainte-Marie à Terrebonne, en 1834. Il transforme sa boutique de forge en manufacture de batteuses à grains. Son entreprise semble prospère, puisque ses dons permettent la construction de la première église anglicane de Terrebonne.

Sa firme prend de l’expansion, au point où il construit, en 1857, une première usine sur la rue Saint-Louis, près du pont de l'autoroute 25, sur une terre louée à la seigneuresse Masson, afin de profiter de l'énergie hydraulique de la rivière. On voit encore aujourd’hui les chaînes de roches qui acheminaient l'eau vers l'usine.

Entre 1860 et 1880, l’usine emploie une vingtaine de forgerons, de mouleurs, de fondeurs, de menuisiers et de mécaniciens pour fabriquer diverses machines agricoles, dont des batteuses et des faucheuses. L’entreprise se classe alors au premier rang dans ce secteur d'activité au Québec. Les ouvriers travaillent sous la direction du fils aîné et homme de confiance de son père. En 1878, ce dernier laisse à ses trois fils, John, Matthew Jr et Henry, le soin d'administrer la nouvelle société Matthew Moody & Sons. Les installations sont évaluées à 41 000 $. Entre 1878 et 1887, les affaires vont bon train, mais Matthew meurt à Terrebonne en 1887.

Une nouvelle usine en 1892

En 1890, un incendie détruit l’usine et les Moody songent à s’établir à Sainte-Thérèse, ville qui est prête à offrir un bonus de 19 000 $ aux entrepreneurs.

Selon Aimé Despatis, fondateur du journal La Revue, la rumeur veut que le curé Jules Piché, à la tête d'une nombreuse délégation, se présente chez M. Moody pour le supplier de rester à Terrebonne. « Je ne me croyais pas si important », aurait dit M. Moody, touché de cette démarche. Il promet de rester à Terrebonne. Le conseil municipal vote un bonus de 10 000 $ afin d'aider à la reconstruction de l'usine actuelle de la rue Saint-Louis, en 1892. Les Moody gèreront l’entreprise jusqu’en 1927. Elle changera souvent de main par la suite.

Une nouvelle mission

À la fin des années 1960, la mission de la Moody change. Elle se spécialisera dans la fabrication de systèmes de convoyeurs et de chariots à bagages et à cargaison dans le milieu aéronautique.

L’avocat Michel Vennat, homme d'affaires réputé, s'en porte acquéreur en 1999 et en confie la gestion à Jean-Pierre Brunet. Ce dernier reprendra l’affaire dans les années suivantes. La Moody S.I., quasi seule dans son domaine au Canada, entrevoyait l’avenir avec optimisme. Après la démolition du second étage, dont une partie s’était effondrée, des rénovations majeures sont effectuées. On reconstruit le toit de la tourelle, et les bureaux sont restaurés. L’édifice retrouve sa gloire passée.

L’entreprise est cependant frappée de plein fouet par les événements du 11 septembre 2001. Son marché s’écrase et force sa fermeture en 2004.

L’édifice, pratiquement à l’abandon, hébergera ensuite quelques locataires avant d’accueillir des tournages audiovisuels. Tout récemment, le projet District Moody, mené par divers promoteurs, dont Construction Vilan, était dévoilé. Associant développement commercial et résidentiel, le projet incluait la restauration de l’édifice patrimonial pour lui donner une vocation culturelle.

***

Sources : Ce récit est largement inspiré d’une chronique rédigée en 1999 par le fondateur de La Revue, Aimé Despatis, texte soutenu par une thèse de Claude Blouin, historien et président de la Société d’histoire de la région de Terrebonne, Matthew Moody, manufacturier de machines agricoles à Terrebonne, 1834-1887, présentée à l'Université du Québec à Montréal en mai 1978. Un texte rédigé par le présent auteur en 1999 a aussi été utilisé.  

Pour en savoir plus sur Matthew Moody : https://bit.ly/3gwz3SD.

Lisez aussi : « La violence de l’incendie à notre arrivée était majeure » – Dave Sévigny

Lisez aussi : « Je ne suis même pas surpris… » – Claude Blouin

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média