30 août 2021

Pénélope Clermont - pclermont@lexismedia.ca

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©courtoisie

Doudou Sow a récemment publié deux essais portant sur la régionalisation de l’immigration.

Si le Québec est un terreau fertile pour observer l’émergence de la régionalisation de l’immigration, il en va de même pour Lanaudière, dont la MRC Les Moulins. Pour l’illustrer, M. Dow met en lumière une statistique selon laquelle Terrebonne accueillerait présentement 14 % de population immigrante. En comparaison, cette dernière avoisinait les 9 % en 2016.

Cette évolution est entre autres attribuable aux efforts déployés par la région de Lanaudière pour accroître l’établissement de personnes issues de l’immigration sur son territoire, particulièrement depuis 2019, année durant laquelle un mandat clair a été accordé à Lanaudière Économique pour ce faire. « Avant 2018, il n’y avait aucun outil de régionalisation dans Lanaudière », souligne M. Dow en rendant hommage à un organisme comme AMINATE (Accueil multiethnique et intégration des nouveaux arrivants à Terrebonne et Mascouche), qui a joué, et joue encore, un rôle de leader dans le domaine. Depuis, on a réalisé des capsules avec des personnalités issues de l’immigration qui jouent le rôle d’ambassadeurs et qui témoignent de leur amour pour la région, puis un registre d’organismes servant la cause a été créé en parallèle, pour ne nommer que ces exemples. « Lanaudière Économique a su montrer sa capacité à collaborer avec le milieu, allant jusqu’à recevoir un prix du ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration », ajoute le conseiller stratégique.

Une responsabilité partagée

La régionalisation de l’immigration, ce principe de favoriser l’intégration de la population immigrante à l’extérieur de Montréal, est « une responsabilité partagée entre tous », rappelle le Terrebonnien récipiendaire d’un prix pour sa contribution à la diversité et au vivre ensemble, en 2019. Et cela est possible en faisant du bénévolat auprès d’organismes accueillant des membres de l’immigration, en participant à du jumelage interculturel ou à des activités regroupant des personnes immigrantes, ou simplement en prenant un café avec un collègue appartenant à la diversité culturelle. « Les petits ruisseaux font de grandes rivières, expose Doudou Sow avec poésie. Il faut aussi partager sa culture avec des membres de l’immigration. Le principe tient dans le fait de donner et de recevoir. On partage nos réalités. [Les natifs du Québec] sont des alliés stratégiques importants. »

Et pourquoi cette régionalisation de l’immigration est-elle si primordiale? « C’est l’avenir du Québec, insiste le sociologue de formation. Il y a plusieurs emplois à l’extérieur de Montréal. On veut que le Québec profite de la richesse de la diversité culturelle et l’inverse est aussi vrai. Les maisons sont plus abordables en région, il y a une qualité de vie et moins de trafic. »

Démystification encore nécessaire

Or, il reste encore des barrières à faire tomber pour accroître la régionalisation de l’immigration. « La métropolisation de l’immigration est une réalité mondiale », relate M. Dow en comparant les services qui sont parfois moins disponibles en dehors du grand Montréal, entre autres les transports en commun, les garderies, les logements, etc. « Il y a aussi certains préjugés envers les régions disant qu’elles sont moins ouvertes à la diversité », reconnaît-il.

Ce sont ainsi toutes ces questions que l’homme, qui porte également le titre d’auteur, démystifie dans deux essais publiés récemment : État des lieux sur la régionalisation de l’immigration et La nécessaire régionalisation de l’immigration : défis et pratiques innovantes, disponibles au www.livresdedoudousow.com. Alors que le premier consiste principalement en une évaluation prémilitaire du sujet par le biais d’une réflexion sociologique, le second se veut plus concret en exposant les défis quotidiens rencontrés par les personnes immigrantes de même que des outils et des acteurs locaux qui favorisent leur intégration, dont Hassiba Idir, coordonnatrice d’AMINATE.