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15 décembre 2021

Valérie Maynard - vmaynard@lexismedia.ca

Enfin une lueur d’espoir

AFFAIRE MICHEL DUMONT

3121dumont

©Valérie Maynard - La Revue

Michel Dumont et sa conjointe, Solange Tremblay.

Il y a quelques années, Michel Dumont a voulu brûler toutes les boîtes contenant les documents témoins de sa longue bataille judiciaire des 30 dernières années. Sa conjointe, Solange Tremblay, s’y était fermement opposée. « Pas question d’arrêter », lui avait-elle alors dit. Récemment, la création d’une commission indépendante chargée d’examiner les condamnations injustifiées vient peut-être lui donner raison, à tout le moins, donne une lueur d’espoir au couple de Terrebonne.

Mieux encore, M. Dumont est convaincu que ce sont les démarches entreprises par sa conjointe auprès de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui sont à l’origine de cette nouvelle commission sur les erreurs judiciaires. « Sans le travail de Solange, on n’en serait pas là aujourd’hui. C’est elle qui a fait avancer les choses », estime-t-il. Ces démarches, Solange Tremblay les a entreprises en 2006. « Pendant quatre ans, j’ai eu des correspondances tous les mois avec l’ONU », révèle-t-elle.

Réintégration et indemnisation

En juin dernier, Michel Dumont, avec 17 autres victimes d’erreur judiciaire québécoises, a participé à une rencontre virtuelle avec deux anciens juges, nommément Harry LaForme et Juanita Westmoreland-Traoré, afin de discuter de la structure et du mandat potentiel de cette nouvelle commission. Le 9 décembre, la publication des principales conclusions et recommandations des deux juges est venue redonner espoir à Michel Dumont, particulièrement intéressé par les recommandations 50 et 51, qui concernent la réintégration et l’indemnisation pour les victimes d’erreur judiciaire.

Parce que c’est de cela qu'il est question : obtenir une indemnisation juste et équitable qui viendrait en quelque sorte réparer l’erreur judiciaire commise à l’endroit de M. Dumont et adoucir les jours du couple aujourd’hui à la retraite. « Je veux pouvoir enfin tourner la page », lâche-t-il. M. Dumont voudrait aussi pouvoir réparer le mal qui a été fait à ses deux enfants, victimes collatérales dans toute cette histoire. 

« J’ai réussi à avoir la garde des enfants de Michel deux mois avant sa libération de prison. Mais le mal était fait. Ils ont été tous les deux agressés sexuellement dans leur famille d’accueil », soupire Mme Tremblay.

Après 30 années de démarches parfois infructueuses et souvent décevantes, après avoir travaillé au mieux de leurs compétences toute leur vie, lui électricien, elle dans des manufactures, après avoir dû vendre leur maison pour rembourser les frais de cour et d’avocats, les deux Terrebonniens aspirent aujourd’hui à une vie paisible et agréable. La création de la commission sur les erreurs judiciaires vient redonner espoir que tout cela est maintenant possible. « On n’a pratiquement rien. Si j’avais pu travailler toute ma vie, je n’aurais pas aujourd’hui une petite rente de 500 $ par mois. Je ne serais pas si abîmé », indique M. Dumont. Victime d’une chute de 13 pieds en janvier 2020 qui lui a cassé le bassin à quatre endroits, l’homme de 62 ans souffre également de la maladie de Forestier, une pathologie qui se caractérise par une calcification des ligaments et des tissus conjonctifs du dos ou de la colonne vertébrale.

« Je suis fatiguée par toute cette bataille, mais je reste forte. J’ai encore du gaz. Et tant que je vivrai, je n’arrêterai pas », promet Mme Tremblay, 63 ans. Elle ne peut toutefois pas s’empêcher de se demander pourquoi il a fallu qu’elle se batte aussi fort et aussi longtemps aux côtés de son conjoint pour faire valoir leurs droits. « J’espère que ça ne prendra pas encore des années, parce que c’est hier que j’aurais voulu que ça se règle », termine Mme Tremblay.

Rappelons que Michel Dumont avait été déclaré, en juin 1991, par la Cour du Québec, coupable d’un viol et condamné à 52 mois de prison. Il en purgera 34. Le 22 février 2001, M. Dumont a été acquitté de tous les chefs d’accusation portés contre lui par la Cour d’appel du Québec.    

Lisez également l'éditorial de Gilles Bordonado à ce sujet.

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