Opinion
Retour23 mars 2022
Gilles Bordonado - redactionlarevue@medialo.ca
Une personne avant tout
LIBRE OPINION
Gilles Bordonado, éditeur et directeur du développement des affaires de La Revue.
« Les préjugés, c’est passé date », slogan adopté par la Société québécoise de la déficience intellectuelle pour le 34e anniversaire de la Semaine de la déficience intellectuelle, est un bijou. Ces sept jours thématiques, du 20 au 26 mars 2022, nous ont inspirés pour la publication de plusieurs articles cette semaine.
La déficience intellectuelle est une réalité qui m’interpelle depuis mon plus jeune âge. Au milieu des années 1970 – il y a donc près de 50 ans –, ma mère a œuvré pour le Tournesol et les Amis du Tournesol, premiers organismes communautaires à s’intéresser chez nous aux personnes aux prises avec la trisomie 21 ou une déficience intellectuelle. On s’en tenait alors à l’organisation de loisirs. Plusieurs de ces personnes, cloîtrées à la maison, faisaient la honte de leurs parents. Heureusement, les temps et les mentalités ont changé depuis.
Grâce au gouvernement du Québec et au député du comté du temps, Jacques Parizeau, et à la volonté de fer de ma maman, l’organisme paragouvernemental La Ruche (maintenant La Myriade) a implanté un premier centre dans la MRC Les Moulins, sur le chemin Saint-Henri, dans l’ancien marché Duval à Mascouche. Ces personnes avaient enfin droit à des services adaptés à leurs besoins.
Sur place, si mes souvenirs sont bons, on trouvait un atelier de travail protégé, des services de loisirs et surtout toute une équipe d’intervenants dédiée à l’intégration de ces gens en société. La région s’est aussi dotée du transport adapté. Ma maman a d’ailleurs contribué à la mise en place de ce service. Ces personnes attachantes, chaleureuses, pleines de vie et au potentiel inexploré avaient enfin droit au respect et à la dignité. Elles pouvaient prendre l’autobus, se rencontrer, vivre en société, participer à des stages, travailler à l’atelier ou en entreprise, et les plus autonomes, habiter leur propre appartement.
Les gens présentant une déficience intellectuelle ont pris peu à peu la place qu’ils méritaient. Des services de mieux en mieux adaptés ont été mis sur pied pour répondre à leurs besoins, en particulier dans les milieux scolaire, du travail et de l’hébergement.
Gardons en tête aussi que derrière ces personnes, il y a des parents inquiets qui veulent s’assurer que leurs enfants aient le droit de s’épanouir, de développer leur autonomie et de vivre en société, comme tout le monde. Bien sûr, les réussites sont à la mesure des capacités de ces personnes, dont l’autonomie varie selon la déficience qui les frappe. C’est d’ailleurs une grande source d’anxiété pour les parents : qu’arrivera-t-il si je quitte cette terre avant mon enfant?
Cette Semaine québécoise de la déficience intellectuelle est une opportunité unique pour prendre conscience des enjeux vécus par ces personnes et leurs parents. C’est la chance unique de rappeler que ces gens ont le droit de s’épanouir dans toutes les facettes de leur vie, en leur offrant notre soutien comme individus et comme société. Ces personnes enrichissent nos milieux. Soutenues, elles ont une belle capacité d’apprentissage et peuvent contribuer à l’enrichissement collectif, entre autres au travail alors qu’une pénurie de main-d’œuvre sévit.
Notre acceptation de l’autre est primordiale, et le slogan « Les préjugés, c’est passé date » ne pouvait pas mieux l’exprimer.
Lisez également : Un parcours vers l’autonomie, Se rapprocher du marché du travail, L’APETL sur la voie du changement et Valoriser l’importance de l’intégration socioprofessionnelle.
Commentaires