Fauconnière, ou l’art de travailler avec les oiseaux de proie

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Pas de doute, Stéphanie Mercure est passionnée par son métier et ses oiseaux. Ici, on la voit avec son faucon pèlerin.

Stéphanie Mercure a toujours aimé les animaux. Lorsqu’elle a été initiée à l’univers de la fauconnerie, la jeune femme s’est d’ailleurs tout de suite passionnée pour les oiseaux de proie. « Je les ai trouvés fascinants », se souvient celle qui est désormais officier de contrôle de la faune au complexe environnemental de CEC à Terrebonne. Le journal La Revue vous propose une incursion dans ce monde méconnu qui est devenu le sien, et qui est beaucoup plus ardu qu’on pourrait le croire.

C’est alors qu’elle complétait son DEP en protection et exploitation des territoires fauniques que Stéphanie Mercure a choisi cette voie. « Je voulais initialement devenir agente de protection de la faune. Mais j’ai tellement aimé mon stage en fauconnerie que j’ai décidé d’en faire mon métier », confie celle qui travaille pour l’entreprise Environnement Faucon, à qui le Complexe Enviro Connexions (CEC) confie le contrat de contrôle de la faune sur son site de Terrebonne.

Ça fait 28 ans qu’on y pratique un contrôle pacifique des goélands à bec cerclé, avec trois grands objectifs : assurer la sécurité des camionneurs qui y circulent, et dont la visibilité pourrait être affectée par ces oiseaux; limiter les désagréments que les goélands pourraient occasionner auprès du voisinage, bien qu’ils ne soient pas dangereux; et enfin, contrôler la population de goélands, qui pourrait augmenter si on les laisse se nourrir à même le site. « On constate que nos efforts fonctionnent, précise pour sa part André Chulak, directeur des communications et des relations avec le milieu pour le CEC. À une certaine époque, on pouvait en observer entre 5 000 et 10 000 sur une base quotidienne dans les périodes de grande affluence, alors que maintenant, lors des plus grosses journées (quelques fois dans l’année), on parle plutôt d’un maximum de 1 000 goélands. Il y a quelques années, une étude menée par une équipe de l’UQAM sur leurs déplacements a par ailleurs démontré qu’ils évitent de venir sur le site lorsque le fauconnier démontre sa présence. »

La clé : l’anticipation

Ce ne sont pas tous les lieux d’enfouissement techniques (LET) du Québec qui exercent un tel contrôle des goélands; en fait, l’entreprise de Terrebonne a été assez innovatrice en la matière. « L’objectif, c’est de les effaroucher. On ne fait pas d’abattage; on utilise des faucons et des buses, mais aussi des drones qui imitent le vol d’un oiseau de proie, puis de la pyrotechnie, plus précisément des balles crépitantes et lumineuses qui ne dérangent pas le voisinage, pour les éloigner », poursuit M. Chulak.

C’est là que Stéphanie Mercure et son équipe entrent en scène. Celle qui est officier de contrôle en chef sur le site doit élaborer des plans de match en tenant compte de nombreux facteurs, notamment de la météo. « Généralement, on va regrouper les goélands en se déplaçant avec nos véhicules et en ayant recours à de la pyrotechnie, puis une fois qu’ils sont regroupés, on va envoyer nos oiseaux. La clé demeure l’anticipation : il faut anticiper les déplacements des goélands pour s’assurer d’agir rapidement et efficacement. Et le vent, c’est l’un des facteurs les plus importants à considérer. »

Si Environnement Faucon possède entre 150 et 200 oiseaux de proie, du côté du LET de Terrebonne, on a recours à 5 faucons et à 4 buses. « Nos oiseaux, on les aime comme nos petits trésors, mais ce qui est particulier, c’est qu’ils n’ont pas le même genre d’affection envers nous. Il faut bâtir une relation de confiance avec eux. Quand je vais en chercher un dans sa volière, je mets une miette de nourriture sur mon gant, je lui mets son chaperon pour le calmer, puis je le pèse puisqu’on doit s’assurer qu’il ait un poids de vol optimal. Parfois, un 10 ou 20 grammes en trop peut faire toute la différence sur le comportement d’un oiseau », poursuit celle qui peut actuellement compter sur une équipe de 5 employés pour l’assister sur le site de Terrebonne.

De mars à décembre, des fauconniers sont présents sur le site 7 jours par semaine, du lever au coucher du soleil. Puis, pendant la grosse saison, soit du 1er mars au 15 juillet, ils sont plus nombreux. Des patrouilleurs sillonnent parallèlement les quartiers avoisinants pour s’assurer que les résidents n’entendent pas de bruit et qu’ils ne subissent pas de désagréments liés à la présence des goélands ou aux opérations de contrôle.

Comprendre son oiseau

Est-ce que les oiseaux de proie volent beaucoup ? « Ça dépend de l’oiseau, explique Stéphanie. Par exemple, ce n’est pas naturel pour un faucon de voler 3 ou 4 fois par jour, alors que la buse peut sortir plusieurs fois sur une base quotidienne. Et on ne les utilise pas de la même façon : avec la buse, on parle davantage d’attaques directes et de vols courts, alors que le faucon est plutôt un oiseau de haut vol. Il faut être un bon fauconnier pour travailler avec ce genre d’oiseau parce qu’on peut facilement le perdre de vue. »

Pas de doute, son métier et ses oiseaux la passionnent. En plus de faire du contrôle de la faune sur divers sites, par exemple des aéroports, son entreprise a des programmes de sensibilisation et participe aux efforts de conservation. « Notre travail nécessite de toujours ajuster nos méthodes et de continuer de nous développer, mais c’est à la fois fascinant et valorisant. On prend soin de nos animaux ; une fois qu’on les comprend, on peut plus facilement les lire et travailler avec eux. » Est-ce qu’il y a beaucoup de femmes dans ce milieu ? « De plus en plus, s’empresse de répondre Stéphanie. À Terrebonne, nous sommes trois femmes et trois hommes, actuellement, dont deux qui avaient découvert la fauconnerie lors d’une visite scolaire au CEC, lorsqu’ils étaient plus jeunes. C’est un milieu méconnu qui gagne à être connu », conclut-elle.

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