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Retour15 avril 2025
Kim Desormeaux - kdesormeaux@medialo.ca
Le chauffage au bois impacte la qualité de l'air à Terrebonne

©Gracieuseté
Terrebonne est la cinquième ville avec la pire qualité d’air au Québec.
La combustion du bois pour le chauffage domestique suscite de plus en plus d’inquiétudes quant à son impact sur la qualité de l’air dans la région métropolitaine. À Terrebonne, comme ailleurs dans le Grand Montréal, les poêles à bois sont au cœur des préoccupations environnementales.
Selon la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), la combustion du bois est une source majeure de pollution atmosphérique et contribue de manière significative au smog hivernal. Les vieux poêles non certifiés peuvent émettre jusqu’à 100 grammes de particules fines par heure, contre un maximum de 2,5 grammes pour les appareils les plus récents certifiés EPA ou CSA. Cette pollution a des conséquences directes sur la santé publique, particulièrement pour les personnes souffrant de maladies respiratoires, les enfants et les aînés.
« Chaque hiver, nous observons une augmentation du nombre de journées de smog attribuables à la combustion du bois. Il est impératif que nous prenions des mesures pour améliorer la qualité de l’air et protéger la santé des citoyens », explique Daniel Vézina, directeur de Familles pour l’air pur.
L’Association des professionnels du chauffage d’appoint (APC) plaide en faveur d’un encadrement rigoureux et uniforme dans toute la CMM. Elle souligne que certaines municipalités, comme Laval et Québec, ont adopté des règlements avant-gardistes qui interdiront l’utilisation des appareils de chauffage au bois non certifiés à compter de l’automne 2026. Des subventions pouvant atteindre 1 000 $ sont également offertes pour inciter les citoyens à remplacer leurs vieux poêles.
Une volonté d’agir à Terrebonne
À Terrebonne, la Ville encadre déjà l’installation et l’utilisation des appareils de chauffage au bois, mais sans interdire totalement ceux qui ne sont pas certifiés. Elle reconnaît d’ailleurs qu’il reste du travail à faire. D’autant plus que selon le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques ainsi que des données du site Web du Réseau de surveillance de la qualité de l’air du Québec (RSQAQ), Terrebonne a été enregistrée comme la cinquième ville au Québec ayant la pire qualité de l’air.
L’administration municipale a de ce fait déployé des campagnes de sensibilisation quant à l’importance d’avoir un foyer aux normes et l’importance des bonnes pratiques en termes de combustion.
De plus, un règlement visant à limiter le nombre total de foyers à combustible solide sur le territoire a été mis en place. En d’autres mots, la Ville fixerait un plafond équivalent au nombre actuel de foyers en activité. Ce chiffre ne pourra qu’être réduit (par exemple, lorsqu’un foyer est condamné) ou rester stable (si un propriétaire conserve son foyer ou le met aux normes), mais jamais augmenter.
« Le projet de règlement actuel constitue une première étape. Il ne touche pas directement les foyers existants, bien que la majorité d’entre eux ne répondent pas aux nouvelles normes et soient responsables d’une grande part des émissions de particules fines. Pour l’instant, nous privilégions une approche basée sur l’incitation et la sensibilisation plutôt que sur des mesures coercitives », indique la Ville de Terrebonne.
« Toutefois, il est prévu que cette réflexion se poursuive dans un second temps. Une future phase du règlement pourrait inclure des obligations de mise aux normes ou de condamnation des foyers non conformes, ainsi qu’un programme d’accompagnement financier. Les modalités de ces mesures restent à déterminer », poursuit-elle.
Une réglementation plus stricte en vue ?
Alors que certaines villes ont déjà interdit l’utilisation des poêles non certifiés sauf en cas de panne de courant prolongée, d’autres municipalités hésitent encore à adopter des règles aussi strictes. Pour l’Association des professionnels du chauffage d’appoint, une réglementation uniforme dans tout le Grand Montréal éviterait la confusion et favoriserait une meilleure adhésion de la population aux changements.
« Chaque jour, nous recevons des appels de citoyens qui ne savent plus ce qui est permis ou interdit dans leur municipalité. Un cadre réglementaire commun à toute la CMM serait beaucoup plus efficace », affirme Richard Corbeil, responsable des affaires publiques de l’APC.
Dans ce contexte, la CMM a lancé un sondage en ligne sur la combustion du bois, ouvert à tous les résidents du Grand Montréal jusqu’au 25 avril. L’objectif est de recueillir des données sur l’utilisation des appareils de chauffage au bois et les foyers extérieurs. Les résultats du sondage serviront à guider les décisions des instances municipales et des groupes de travail responsables des questions environnementales.
« La pollution de l’air nous concerne tous, et il est essentiel que la population puisse s’exprimer sur le sujet. Le sondage nous permettra d’avoir un portrait plus précis des habitudes et des préoccupations des citoyens », indique la Communauté métropolitaine de Montréal.
Vers une transition écologique
Au-delà des considérations réglementaires, la question du chauffage au bois s’inscrit dans une réflexion plus large de la transition écologique. La CMM, à travers son enquête et ses consultations publiques, cherche à concilier les traditions culturelles liées à la combustion du bois avec les impératifs de protection de l’environnement.
Avec la publication prochaine du rapport de la commission de l’environnement et de transition écologie de la CMM, la Ville de Terrebonne aura l’occasion de revoir ses pratiques et, peut-être, de renforcer sa réglementation. D’ici là, les citoyens sont invités à participer au sondage et à s’informer sur les alternatives plus respectueuses de l’environnement.
« Nos élus doivent prendre des décisions éclairées pour assurer un avenir plus sain aux générations futures », conclut Daniel Vézina.
L’avenir du chauffage au bois à Terrebonne dépendra donc des résultats du sondage, des recommandations des experts et de la volonté politique d’aller vers une réglementation plus stricte. Une chose est sûre, la qualité de l’air demeure une priorité pour l’ensemble des acteurs municipaux et régionaux.
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